Option Sciences : proposition de l’APMEP

Propositions de l’APMEP pour développer le goût des sciences chez les lycéens

L’APMEP est extrêmement soucieuse de la baisse de plus en plus inquiétante du recrutement d’étudiants scientifiques, surtout dans le contexte prévisible de départs massifs à la retraite des importantes classes d’âge du “ baby-boom ”.

Une partie essentielle de la réponse à donner doit se faire à notre avis au niveau du lycée car c’est au lycée que se décident les orientations vers l’enseignement supérieur.

Notre association a donc décidé d’élaborer un ensemble cohérent de propositions, pour les trois années du lycée, visant à faciliter et à promouvoir l’orientation des lycéens vers les filières scientifiques de l’enseignement supérieur...


En Seconde :

C’est à l’issue de la classe de Seconde que les lycéens font le choix d’une section. Cette étape est donc décisive. Pour choisir les sciences à bon escient, nous pensons que les élèves doivent être en mesure de comprendre l’esprit de la filière qu’ils choisiront, et pour cela, de s’essayer aux démarches qui lui sont spécifiques. L’appellation de “ classe de détermination ” confirme ce point de vue. Pourtant on observe que les options de la classe de Seconde, supposé les éclaircir sur ce choix, ouvrent toutes aux enseignements des sections L, ES ou technologiques. Aucune n’est directement dirigée vers l’enseignement scientifique généraliste de la section S.

Or l’enseignement de Seconde dans les trois disciplines scientifiques, Mathématiques, SVT et Physique est un enseignement “ grand public ” qui s’efforce de donner à chaque lycéen un bagage minimum destiné à faire de lui un citoyen responsable capable de prendre sa place dans la société dans laquelle il vit. Mais il n’est pas suffisamment tourné, faute de temps et du fait de l’hétérogénéité très grande des classes de Seconde vers l’apprentissage de la démarche scientifique qui fait la spécificité de la série S.

Pour que les élèves qui le souhaiteraient aient davantage le temps d’expérimenter cette démarche, nous proposons donc la création, parmi les options obligatoires de Seconde, d’une option “ Sciences ” de 3 heures, interdisciplinaire (une heure pour chacune des trois disciplines). Elle s’appuierait sur les connaissances des élèves sans apport théorique spécifique, de façon à ne pas pénaliser les élèves des autres options qui choisiraient de se diriger vers la section S. Elle serait uniquement axée sur la recherche, l’expérimentation, la lecture et la production de textes scientifiques, composantes essentielles de la démarche mathématique comme des sciences expérimentales et elle viserait d’abord à promouvoir une image des sciences dynamique et motivante.

Cette option a déjà été expérimentée avec succès dans plusieurs établissements (voir en annexe des comptes-rendus de ces expérimentations.), et les réactions très favorables des élèves qui s’y pressent montre qu’elle répond manifestement à une attente.

En outre, elle est facile à mettre en œuvre, parce qu’elle s’appuie sur trois disciplines à la fois, déjà bien implantées dans tous les lycées.

Elle a un autre avantage, évident partout où elle a été mise en place : elle facilite grandement pour les élèves le saut difficile entre la classe de Seconde et la classe de Première S, car ils y ont appris l’autonomie et le plaisir de chercher. Nous constatons que l’entrée en Première S est un choc redoutable pour beaucoup d’élèves, et c’est parce qu’ils le craignent que beaucoup se détournent de la section S.

Quant aux quelques élèves qui, à l’issue de cette option, ont choisi une autre section, ils en ont tiré profit eux aussi, en ayant désormais un autre regard, plus positif, sur les sciences.

Cette première mesure serait peu coûteuse, et n’alourdirait pas le volume horaire des classes de Seconde puisque les élèves suivent tous en Seconde une option obligatoire.

En Première S :

Le même constat s’impose en Première : alors que toutes les spécialités de Terminale s’appuient en section ES et L sur un enseignement optionnel en classe de Première, la section S fait figure d’exception, et rien n’est organisé pour préparer en Première le travail de la Spécialité de Terminale. Pourquoi ce rationnement ?

Pourtant le choix de la spécialité pour les élèves scientifiques peut devenir un point clé de l’orientation des élèves vers les filières scientifiques de l’enseignement supérieur.

Premier choix d’une discipline scientifique, il pourrait être conçu comme un premier pas vers un choix d’orientation, qui ne serait pas décisif, mais qui pourrait être compris comme un premier essai. Nous souhaitons que les élèves fassent ce choix de spécialité avec discernement, en cohérence avec leurs centres d’intérêts, leurs projets, leurs qualités personnelles, et non pas en termes de stratégie à court terme pour le baccalauréat.
Pour préciser ce choix et développer un apprentissage plus autonome de la démarche scientifique où pourraient s’exprimer les préférences et les projets individuels, nous proposons d’offrir aux élèves des sections S une “option Sciences” unique qui, comme en Seconde, serait interdisciplinaire, et s’appuierait sur les connaissances des élèves pour chercher et expérimenter, sans apport théorique obligatoire. Cette option scientifique généraliste unique demanderait très peu de moyens supplémentaires si elle intégrait en particulier le travail sur projet pluridisciplinaire des élèves de Première S. Cette organisation aurait l’avantage de permettre aux élèves de s’appuyer effectivement sur n’importe lesquelles des disciplines scientifiques pour traiter leur sujet, et pourquoi pas sur les trois. Elle permettrait aussi de mieux intégrer le travail sur projet dans l’ensemble d’un travail annuel : le TPE actuel fait trop figure d’exception avec son cahier des charges trop sophistiqué et trop difficile à mettre en œuvre. En offrant un cadre mieux défini, en simplifiant la procédure, en respectant l’esprit novateur et formateur des TPE, ce nouveau dispositif valoriserait les travaux interdisciplinaires.

En Terminale S :

La formule actuelle du TPE n’est pas bien adaptée à la classe de Terminale : les élèves mettent de façon très compréhensible la priorité sur l’étude des disciplines fondamentales pour l’examen, et malgré les conseils de leurs professeurs et l’intérêt qu’ils ont en général trouvé à ce travail en classe de Première, beaucoup en délaissent cette année la préparation. L’évaluation du TPE sous forme d’option facultative fait que le TPE n’est pas intégré au travail de la classe. Il est souvent encadré par un professeur extérieur à la classe, empêchant toute interaction entre le travail traditionnel et le travail sur projet, et il occupe dans l’emploi du temps de la classe comme dans les moyens attribués une place importante qui a conduit à réduire drastiquement d’autres enseignements.
En outre, les difficultés de mise en place font que les disciplines servant de base au TPE sont presque toujours imposées par des considérations d’ajustements de moyens locaux et contredisent les choix et les aspirations des élèves : ainsi, tel “ spécialiste ” de SVT se verra obligé de faire un TPE en Maths et Physique, parce que l’organigramme local le réclame !

Nous constatons d’autre part que la spécialité au baccalauréat n’est pas évaluée de façon satisfaisante : cette évaluation actuelle sous forme d’un exercice unique au baccalauréat pousse élèves et enseignants à privilégier la répétition des quelques points techniques et oblige les “ non-spécialistes ” à subir un exercice spécifique parfois plus difficile pour eux que l’exercice proposé aux spécialistes ! Cette évaluation va à l’encontre des buts affichés des trois spécialités scientifiques : privilégier la recherche et l’expérimentation.

Dans la continuité de ce qui précède, nous proposons une solution qui résoudrait ces deux questions à la fois : nous demandons que la durée hebdomadaire de l’enseignement de spécialité soit portée dans toutes les sections à trois heures, et que la spécialité devienne le cadre du travail sur projet. Le cahier des charges de ce projet imposerait qu’il soit ouvert d’une façon ou de l’autre à une autre discipline au moins pour préserver l’interdisciplinarité vécue en Première. Le travail sur projet, où les élèves s’engagent, nous l’avons partout constaté, avec passion, s’inscrirait ainsi de façon plus cohérente dans le choix d’orientation de l’élève. Un engagement plus important, plus motivé et plus autonome vers une discipline scientifique en Terminale nous semble propice à diriger davantage d’élèves vers des études scientifiques : il apparaîtra alors comme un choix raisonné vers un chemin déjà ouvert.

Tout en promouvant les aspects les plus formateurs des TPE, cette organisation résoudrait en même temps la difficile question de l’évaluation des TPE : elle entrerait de façon naturelle dans l’évaluation de la spécialité, et participerait ainsi à part entière à l’évaluation du baccalauréat.

Ces modalités ont ainsi plusieurs avantages :

 Elles donnent plus de sens à la spécialité en renforçant son rôle dans le choix de l’orientation.

 Elles donnent importance et cohérence au travail sur projet actuellement mal inséré dans la structure générale.

 Elles simplifient l’évaluation en diminuant le nombre d’items, spécialité et TPE étant évalués par une seule note .

 Elles libèrent une heure dans l’emploi du temps des élèves et permettent de revoir les horaires de Terminales en retrouvant des moyens indispensables par ailleurs.

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