Bulletin Vert n°503
mars — avril 2013
Pierre-Simon de Laplace (1749 — 1827) Le parcours d’un savant
par Jean Dhombres
avec la collaboration de Serge Sochon et Suzanne Debarbat
Editions Hermann, L’Observatoire de Paris, Novembre 2012
352 pages en 25 × 17, ISBN 9782 7056 8273 6, prix 26€
Laplace fait partie de ces savants qui, à côté d’une œuvre scientifique de première importance, ont eu un éminent rôle social et politique. Né roturier il devint comte d’Empire et archichancelier du Sénat par la grâce de Napoléon, puis marquis et pair de France par celle de Louis XVIII. Non seulement il finira riche mais toute sa vie durant, par une intense fréquentation du monde savant, par son mariage avec Marie-Anne Charlotte de Courty de Romange, par ses responsabilités politiques, il se fera une place dans la haute société de l’époque. Parmi ses amis très proches, citons Lavoisier, non seulement éminent chimiste, académicien, mais aussi richissime fermier général et Berthollet, lui aussi chimiste, académicien, mais aussi médecin du Duc d’Orléans. En particulier par l’intermédiaire de sa femme qui lui ouvre les portes des milieux influents il devint le véritable patron de la science française.
Son œuvre scientifique, pour l’essentiel d’ordre mathématique, est étonnamment éclectique. Au delà des grands classiques que sont la Mécanique céleste, Le système du Monde, la Théorie analytique des probabilités, assorti de l’Essai philosophique sur les probabilités, il a correspondu avec nombre de savants de toutes disciplines et écrit de très nombreux articles. Si certains de ses textes sont ardus et demandent une bonne culture mathématique, d’autres sont tout à fait abordables. Il en est par exemple ainsi de ce qu’il a écrit sur le théorème fondamental de l’algèbre ou encore sur les probabilités.
Jean Dhombres, avec la collaboration de Serge Sochon pour la partie normande et pour les commémorations et Suzanne Debarbat pour les travaux de Laplace au bureau des longitudes et ses liens avec l’Observatoire, nous font évidemment et avant tout pénétrer dans la pensée scientifique de Laplace, mais en même temps ils nous font vivre au quotidien la vie scientifique de l’époque et tout cet environnement social et politique de la famille Laplace. La prise en compte de cette dialectique constante entre activité scientifique et environnement socio-politique est une des originalités de cet ouvrage. L’érudition protéiforme de Jean Dhombres et de ses acolytes est assez époustouflante et le lecteur est parfois un peu perdu par cette profusion de faits et gestes. Une très riche iconographie, souvent originale et qui s’adapte bien à l’élégant format du livre, fait partie intégrante de l’ouvrage. Le titre des grands chapitres en donnent la trame :
- La vie normande
- La vie parisienne
- Les bouleversements de la Terreur
- La Mécanique céleste
- Une deuxième vie scientifique
- Laplace pour la postérité
Bref, un livre d’une extraordinaire richesse tant par la profondeur des analyses que par l’éclectisme des approches.