Bulletin Vert n°484
septembre — octobre 2009
Probabilités politiques
Ségo et Sarko en exercice
mathématiques satiriques politiquement incorrectes
par Gérard Frugier
Éditions Ellipses, 2008
128 pages en 14,5 × 21, ISBN : 978-2-7298-4165-2
Il s’agit d’un recueil de 160 exercices corrigés, dotés d’un habillage politico-humoristique qui met en scène des personnages politiques de la majorité comme de l’opposition, français mais aussi étrangers ; beaucoup sont inspirés par un événement ou une « petite phrase » authentiques. Ces habillages sont volontairement farfelus, ils évitent soigneusement tout problème qui se pose réellement. Une fois mathématisés, ils débouchent sur des exercices la plupart du temps très classiques, mais parfois originaux.
Une grosse majorité, conformément au titre de l’ouvrage, concerne les probabilités, avec beaucoup d’exemples du type probabilités conditionnelles / probabilités totales / probabilités des causes (exemple : Max brigue l’académie. S’il apporte son soutien à Nicolas, il a trois chances sur quatre d’être élu, sinon il a une chance sur dix. Il y a quatre chances sur cinq qu’il apporte son soutien à Nicolas. Sachant qu’il a été élu, calculer la probabilité pourqu’il ait apporté son soutien à Nicolas.).
Une trentaine d’entre eux fait appel à des connaissances de niveau bac+1 ou bac+2 (loi de Poisson, loi normale, suites arithmético- géométriques, …). Mais bien d’autres thèmes sont abordés : la logique (Quelle est la négation de la proposition suivante : « si le PS est à droite alors le MODEM est à droite ». Quelle est l’expression contraposée ?), les mathématiques financières, les problèmes du premier degré (niveau collège), quelques notions de géométrie, et même (à titre de récréation ?) une trentaine de problèmes d’école élémentaire (Le yacht sur lequel Nicolas fait une retraite spirituelle mesure vingt mètres plus la moitié de sa propre longueur. Quelle est la taille de ce yacht ?).
À de rarissimes exceptions près, les corrigés sont d’une rigueur irréprochable, et d’une sobriété qui tranche avec les énoncés ; mais ils sont condensés, sans développement des calculs intermédiaires ; ils s’adressent donc plutôt à l’enseignant que directement à l’élève.
L’intention première est évidemment satirique, et tout lecteur habituel du Canard enchaîné ou de Siné Hebdo, qu’il ait des connaissances mathématiques ou non, lira ces énoncés avec jubilation et hilarité ; la satire porte non seulement sur l’univers politique, mais aussi sur les habillages pseudo-concrets, artificiels et sans lien avec la réalité, dont sont trop souvent affublés nos exercices, d’où un intérêt accru pour les enseignants ; mais surtout il s’agit de « vrais » exercices, correspondant bien, mathématiquement, à ceux posés couramment au bac ou aux BTS ; on peut donc parfaitement les exploiter en classe, avec l’espoir que le contexte humoristique déclenchera l’intérêt et l’activité des élèves. Bien sûr, on devra se méfier des réactions de parents d’élèves (voire d’élèves eux-mêmes) politiquement « coincés » et dépourvus d’humour.