Bulletin Vert n°501
novembre — décembre 2012
Un portrait de Gerbert d’Aurillac inventeur d’un abaque, utilisateur précoce des chiffres arabes, et pape de l’an mil
par Alain Schärlig
Presses Polytechniques et universitaires Romandes, décembre 2011
136 p. en 16 × 24, prix : 36 €, ISBN : 978-2-88074-944-6
Ce sixième volume du même auteur est consacré à Gerbert, personnage de l’an mil, exceptionnel par l’étendue de ses connaissances et par la variété des fonctions exercées tout au long de sa vie, qui n’apparaissait qu’épisodiquement dans les précédents.
Il aborde successivement :
- La vie
d’Aurillac à Rome en passant par la Catalogne, Reims, Bobbio et Ravenne. - Les écrits
ses lettres et les œuvres de ses disciples. - L’enseignement
trivium et quadrivium, notamment l’astronomie. - L’abaque
à jetons marqués facilitant les opérations. - La multiplication et la division
originalité et efficacité des algorithmes sur l’abaque. - L’inspiration
la numération de position des arabes ?. - Les chiffres arabes
utilisés et non introduits.
Il s’élargit ensuite aux questions qui se posent à qui étudie le calcul à la fin du Xe siècle :
- L’abaque du faux Boèce
une falsification du XIIIe, suggérant que Gerbert avait copié Boèce alors que c’était le faussaire qui l’avait copié. - La logistique
les communications, courriers et voyages à l’époque. - La contestation
selon une thèse d’habilitation soutenue à Bochum en 1985, Gerbert n’aurait ni inventé l’abaque à jetons, ni introduit les chiffres arabes en occident. - Gerbert aurait-il eu peur ?
Gerber aurait inventé un abaque inspiré par la numération arabe, en le cachant, de peur d’être considéré comme diabolique et d’encourir les foudres de l’Église. - Une chance folle !
une carrière pleine de rebondissements en particulier face aux aléas de la politique. - Un homme à plusieurs facettes
inventeur d’un abaque, pape de l’an mil, grand voyageur, professeur et politicien européen, un homme influent de son époque.
L’abondante bibliographie comporte à la fois des témoignages de contemporains de Gerbert, des livres d’histoire datant des deux derniers siècles et de nombreux articles ou compte-rendus de colloques contemporains. Regrettons toutefois qu’elle ne mentionne pas les travaux sur ce sujet des Irems et de leur commission d’histoire et épistémologie.
L’auteur se concentre sur l’œuvre mathématique et en particulier sur l’abaque utilisant, pour la première fois en occident les chiffres indo-arabes, tout en la situant dans son environnement social et politique. Il le fait dans un style alerte et coloré dénonçant supercheries et anachronismes, tel un timbre français de 1964 coiffant Gerbert d’une tiare, copie de la statue érigée en 1861 à Aurillac par Pierre-Jean David d’Angers, alors que les pontifes ne l’ont coiffée qu’à partir du XIVe !
Tel qu’il est la lecture de ce livre qui fait revivre un personnage du passé à la fois complexe et influent permettra au professeur de mathématiques de travailler avec un collègue d’histoire pour proposer aux élèves un sujet interdisciplinaire richement documenté.