Bulletin Vert n°492
janvier — février 2011

100 ans, il est temps de muter !

Antoine Valabrègue [1]

 

Nous vivons une révolution aussi puissante que l’irruption du néolithique. Qui bien entendu va se dérouler dans le temps.

Elle affecte d’ores et déjà tous les secteurs y compris les maths et l’enseignement.

Une partie de cette révolution consiste à substituer au paradigme de quasi certitude intégro-différentiel un paradigme de quasi doute probabiliste, une philosophie plutôt bio-quantique.

De plus, il est difficile d’échapper à de profondes interrogations, dues :

  • aux ingénieurs
    qui acceptent si facilement des chantiers à risques comme les forages de pétrole dans le golfe du Mexique,
  • aux fonctionnaires
    qui ont pondu les directives sur l’interdiction des plantes médicinales au niveau européen,
  • aux profs des grandes écoles
    qui se vantent d’être l’élite des mathématiques financières, deux mois avant une gigantesque crise,
  • aux dirigeants
    issus de ces mêmes écoles qui ont créé des robots téléphoniques et un management qui a conduit à tant de déprimes, voire de suicides.

Cela relativise, de fait, la toute puissance que l’on pourrait accorder à la rigueur mathématique comme fondement du progrès. C’est d’ailleurs pourquoi j’ai estimé qu’aujourd’hui un renouveau de l’accès aux savoirs passait par la case « connaissance de soi » et expériences évaluables. Cf. « Mener sa vie — la voie de l’individu attentionné » Pole Editions ou http://www.lesailesdupossible.fr.

Pour mon compte, l’enjeu est de passer d’une société hiérarchique compétitive à une société relationnelle coopérative, si nous voulons éviter une « sortie de route de l’humanité » comme le pensent certains.

Cet enjeu ne peut pas ne pas se traduire dans les façons d’enseigner et donc dans des modifications du statut des profs en général, de maths en particulier.

À mon avis, l’APMEP a un rôle à jouer au milieu de tous les pôles innovants que l’association a engendré depuis 40 ans et qui suivent leur propre logique. Un rôle plus utile, et fondamental il me semble, que de courir derrière l’Inspection pour modifier des virgules d’un programme qui ne règle ni le découragement des collègues ni le peu d’appétence des élèves.

Je propose donc que l’APMEP milite pour la création d’un groupe pluridisciplinaire comportant : des jeunes, des parents, des chercheurs, des profs de tous les âges et tous milieux de sciences, des inspecteurs, des responsables d’associations et structures promouvant les maths, des psychiatres, des adeptes des rallyes, des représentants des IREM, du CNAM ou de la formation permanente, des mouvements pédagogiques, sans exclure des pointures de l’académie ou du collège de France ou de Normale Sup, pour redessiner les contours nécessairement fractals d’un enseignement de maths à l’époque d’Internet.

Il s’agira d’aboutir à une progression d’activités et de contenus, de la maternelle à l’université avec une logique voisine de celle des parcours de l’IREM de Poitiers, tout en proposant des formations cohérentes avec cette progression (je ne crois pas qu’il faille quémander quoique ce soit, la formation est un droit, nous pouvons la prendre sur nos services), et, sans doute une stratégie pour persuader la bureaucratie céleste d’évoluer.

Des activités et contenus ne laissant personne sur le carreau, ne bridant pas les forts en maths, remettant le penser et l’humain au cœur de tout.

 

Notes

[1antoine.valabregue@gmail.com

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