Éditorial du BGV n°208
La moutarde nous monte au nez !
La rentrée a été bien compliquée dans de nombreux lycées en raison de la mise en place des réformes. Nous ne pourrons malheureusement pas lister dans ces quelques lignes l’ensemble des difficultés rencontrées par les collègues, même si nous en avons bien conscience.
Les classes sont trop chargées pour pouvoir répondre aux besoins de chaque élève et bien peu de moyens nous ont été donnés pour mettre en œuvre un accompagnement pédagogique, pourtant essentiel.
En première générale, la spécialité mathématique a été choisie par de nombreux élèves pour des raisons variées, ce qui rend les groupes très hétérogènes. Au vu de la lourdeur des programmes, de nombreux élèves risquent d’arrêter la spécialité en terminale avec un profond rejet de notre discipline. Il nous paraît indispensable, tant pour ceux qui n’ont pas choisi cette spécialité que pour les élèves les plus fragiles, que les mathématiques fassent partie du tronc commun dans la voie générale à raison de deux heures par semaine. Cela permettrait d’apporter une culture mathématique pour tous et de réconcilier certains élèves avec notre discipline.
C’est pourquoi nous avons rédigé une lettre ouverte à monsieur le Ministre . Nous lui demandons également un financement national des heures pour les options mathématiques complémentaires et mathématiques expertes afin qu’elles ne dépendent pas d’un arbitrage local. Ces deux options doivent être accessibles, au sein de leur établissement, à l’ensemble des élèves qui le souhaitent.
Faute de temps disponible, de possibilité de réel suivi des élèves, de lisibilité dans la poursuite d’études pour les élèves, le travail des professeurs principaux devient impossible. Or, ce travail est primordial.
D’ailleurs, afin de réfléchir et travailler sur les questions de continuité entre le secondaire et le supérieur, nous avons scindé en deux commissions distinctes la commission enseignement supérieur et formation des enseignants. N’hésitez pas à participer à la nouvelle commission enseignement supérieur et à signaler son existence à vos collègues du supérieur.
Dans de nombreux lycées, les élèves se retrouvent avec un emploi du temps individualisé. Comment peut-on alors leur proposer des clubs de mathématiques comme le préconise le rapport Villani-Torossian ? Il est clairement souligné dans ce rapport que les clubs mathématiques doivent être ouverts au plus grand nombre et pas uniquement aux meilleurs élèves, à des horaires adaptés et réguliers. Les contraintes d’emploi du temps semblent rendre cela difficile, voire impossible.
La co-intervention en voie technologique et en voie professionnelle est également une véritable difficulté et crée de nombreuses tensions au sein des équipes. Un accompagnement dans sa mise en œuvre et des temps de concertation sont nécessaires pour rendre la co-intervention efficace et constructive pour le parcours des élèves.
Nous n’avons encore aucune visibilité sur l’évaluation en terminale dans les différentes voies ; nous devons pourtant préparer dès cette année l’ensemble de nos élèves aux épreuves du baccalauréat, à l’écrit comme à l’oral. Nous demandons que les attentes aux examens soient explicitées très rapidement.
Nous allons poursuivre le travail pour être force de proposition et interpeler le ministre sur les différentes problématiques que la réforme du lycée général et technologique et la rénovation de la voie professionnelle engendrent. Nous resterons également vigilants quant à l’enseignement des mathématiques à l’école primaire et au collège, la réforme de la formation initiale et continue des enseignants et aux conséquences des réformes des lycées pour l’accès à l’enseignement supérieur. Vos retours, vos participations au sein de votre Régionale, des commissions nationales ou sur le forum du site de l’APMEP, sont plus que jamais essentiels dans le contexte actuel. Ensemble nous arriverons peut-être à faire entendre nos voix pour un enseignement de mathématiques de qualité pour tous nos élèves.
Cette année a été déclarée « Année des mathématiques ». Malgré cette décision qui peut paraître contradictoire avec les inquiétudes induites par les réformes, l’APMEP a décidé de saisir cette opportunité pour donner plus de visibilité au travail fourni par les collègues, dans leurs classes ou en dehors. Vous pourrez retrouver l’ensemble des informations sur le site de l’APMEP où une page spécifique a été créée. N’hésitez pas à nous faire connaitre les actions que vous mettrez en œuvre afin de les partager et les relayer.
Nous espérons avoir le plaisir de vous retrouver nombreux lors de nos Journées Nationales qui se dérouleront cette année à Dijon. Nous pourrons y goûter la saveur des mathématiques. Les Journées sont un temps fort de notre association : se retrouver, échanger, partager, se questionner, se former… Les inscriptions sont encore possibles , alors n’hésitez plus, la Régionale organisatrice a mis pour vous les petits plats dans les grands !