Le BGV — année 2022

Éditorial du BGV n°225

 

Une belle aventure ...

Éditorial
du BGV n°225

 

Trois années qui ont passé comme un éclair. La présidence de l’APMEP n’a pas été de tout repos mais elle fut surtout nourrie de moments inoubliables et de très belles rencontres.

L’isolement professionnel est un aspect souvent trop présent dans notre métier. Le travail en équipe n’est pas toujours facilité et nous avons encore peu l’habitude d’ouvrir nos salles de classe à nos collègues (même si les choses semblent changer depuis quelques années). Cette solitude du professeur face à ses élèves a été poussée à son extrême au printemps 2020. Le confinement nous a isolés les uns des autres, nous n’étions même plus avec nos élèves. Accrochés comme nous le pouvions à nos écrans, nos téléphones, nous avons lutté pour conserver coûte que coûte un lien avec nos élèves, pour tenter d’assurer un semblant de « continuité pédagogique ». Nous avons dû réinventer des pratiques pédagogiques, le plus souvent sans véritable accompagnement, ni moyen, ni temps. Sommés du jour au lendemain de faire notre métier dans ces conditions inédites, isolés les uns des autres, sans lien physique avec nos élèves. Nous nous sommes alors rappelés à quel point l’école est essentielle, pour instruire mais aussi pour vivre ensemble. Les inégalités sociales ont été plus criantes que jamais : sans accès à la cantine certaines familles ont eu du mal à nourrir leurs enfants, l’utilisation généralisée du numérique et d’internet pour l’école a mis en lumière une fracture numérique majeure…

Et nous, enseignantes et enseignants, avons fait face.

Les messages d’encouragement et de remerciements ont pourtant été trop rares. La porte-parole du gouvernement allant même jusqu’à suggérer que nous étions en train de nous tourner les pouces : « Nous n’entendons pas demander à un enseignant qui aujourd’hui ne travaille pas de traverser toute la France pour aller récolter des fraises ». Cette épreuve a été particulièrement difficile pour l’école, nous ne mesurons certainement pas encore son impact psychologique réel pour les élèves comme pour nous.

Au sein de l’APMEP, nous avons dû également trouver des solutions pour poursuivre nos missions. Notre premier objectif a été de proposer un ensemble de ressources pour aider les collègues et c’est pourquoi nous avons publié des dossiers jeux téléchargeables et gratuits. Nos réunions en présentiel n’étaient plus possibles et nous nous sommes mis à réaliser des visioconférences avec le logiciel libre « Big Blue Button » installé sur nos serveurs. Les Journées Nationales de 2020 n’ont pas pu se tenir à Bourges comme prévu… mais ce moment était tellement important ! Plus que jamais nous avions besoin de nous retrouver, pour réfléchir, partager nos expériences, retrouver de l’inspiration. En quelques semaines, avec l’aide et le soutien de responsables et bénévoles de l’APMEP nous avons organisé des Journées Nationales « En attendant Bourges » en ligne… Le succès fut au rendez-vous, si bien que nous prolongeons l’expérience avec un rendez-vous régulier, devenu incontournable, les « Mercredis de l’APMEP » consacrés à l’enseignement des mathématiques à l’école maternelle et élémentaire.

Ces trois années de présidence furent aussi celles de la mise en œuvre d’une déferlante de réformes dans lesquelles l’enseignement des mathématiques a été mis à mal : rénovation de la voie professionnelle, réforme du bac et du lycée général et technologique, réforme de la formation initiale… Il a fallu faire face. J’ai pu compter sur les membres de mes Bureaux et Comités Nationaux et sur les responsables nationaux de l’APMEP pour garder le cap de mes convictions. Je ne les remercierai jamais assez pour leur soutien sans faille, leur disponibilité, leur écoute et leurs conseils. Ensemble nous avons alerté, informé, expliqué… mais nous étions face à un mur sourd et aveugle. Il n’y a pas assez de professeurs de mathématiques ? Diminuons le nombre d’heures à enseigner !

Pour autant, nous n’avons pas baissé les bras même si nos actions furent très souvent des coups d’épée dans l’eau. Je n’ai, nous n’avons jamais perdu espoir dans un avenir meilleur. Nous sommes certains que l’enseignement des mathématiques peut et doit être accessible à toutes et tous. J’aurais voulu pouvoir faire davantage et faire bouger les lignes sur l’enseignement des mathématiques. Je ne suis cependant pas résigné ; j’ai rencontré tellement de personnes convaincues du bien-fondé de nos actions, propositions, revendications. Ce qui m’a toujours animé, c’est de promouvoir l’enseignement des mathématiques et défendre les intérêts des enseignants. Dans ce but, nous avons mené une politique active et dynamique, comme en témoignent nos prises de position, nos propositions, nos productions, nos interventions et nos efforts de communication.

Un enseignant seul, une équipe isolée, ne peuvent se faire entendre sur les problèmes généraux concernant leur enseignement. Agir au sein d’une association comme l’APMEP peut permettre de formuler des revendications clés, de peser davantage. Mais l’APMEP sera une force d’autant plus irremplaçable, surtout en des contextes difficiles, qu’elle sera, par son nombre d’adhérents, encore plus représentative des enseignants de mathématiques. Il y a urgence à être plus nombreux pour être plus forts, pour faire en sorte que la conjoncture politique et ses traductions budgétaires ne pèsent pas lourdement sur l’enseignement des mathématiques.

Je souhaite bon courage et une belle réussite au nouveau Bureau National de l’APMEP et sa présidente Claire Piolti-Lamorthe. J’ai toute confiance en eux pour poursuivre le travail entrepris et défendre nos valeurs.

Je vous souhaite de très belles, heureuses et reposantes vacances.

Sébastien Planchenault

 

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