Le BGV — année 2024
Éditorial du BGV n°237
L’école que nous voulons
L’école que nous voulons est une école émancipatrice, qui apprend à penser, à coopérer, à faire société. Elle accompagne chaque élève sur le chemin de la citoyenneté en l’aidant à acquérir des savoirs, en développant sa curiosité et son esprit critique. Elle accueille ensemble tous les enfants, celles et ceux qui ont des besoins éducatifs particuliers, qu’ils soient d’ici ou d’ailleurs.
Ce ne sont pas des mots de circonstance, ils expriment nos valeurs profondes. On les retrouve dans notre texte d’orientation. Ce texte, qui fonde nos actions et nos revendications, est notre boussole. Au moment où les projets de certains et les dispositifs déjà mis en œuvre entérinent le tri précoce des élèves, visent à limiter notre liberté pédagogique, dégradent nos conditions de travail et mettent à mal l’entrée dans le métier, il nous semble nécessaire de rappeler nos positions.
Quelques extraits
Pour les élèves : « L’école est inclusive et vise le développement du maximum de potentialités de chacun, et doit mettre en œuvre des moyens suffisants pour aider ceux qui en ont le plus besoin. » La différence est une richesse. Il ne s’agit donc pas d’enfermer les élèves dans des parcours précoces nuisant à leur estime de soi et à leur perspective d’avenir. Il ne s’agit pas non plus d’ignorer les besoins des élèves de certains établissements en réduisant leurs moyens.
Pour notre discipline : « L’enjeu essentiel de la pratique des mathématiques est la formation au raisonnement, à l’abstraction, à la conceptualisation [en particulier par la résolution de problèmes]. Cette formation donne à l’élève un outil de pensée qui lui permet de mieux comprendre le monde et d’y jouer pleinement son rôle d’acteur citoyen ; elle développe en effet son intelligence, ses capacités de jugement, de communication, de création, d’émotion, de rigueur, et d’esprit critique. » Ces compétences, cette culture mathématique commune, concourent à la formation de citoyennes et citoyens éclairés. Cela n’empêche en rien celles et ceux qui le souhaitent de développer davantage leurs connaissances dans des parcours plus spécialisés au lycée.
Pour nous, enseignantes et enseignants : le texte d’orientation évoque notre liberté pédagogique et notre formation. Nous devons pouvoir choisir « nos progressions annuelles ou par cycles, les situations proposées et leur variété, l’organisation du travail des élèves, les ressources mises à leur disposition, les modalités d’évaluation, l’articulation avec les autres disciplines et le travail sur le langage, etc. » Et pour cela, nous devons avoir à la fois « de solides connaissances et compétences en mathématiques », mais aussi « être des spécialistes de l’apprentissage des mathématiques ». Cela ne peut être sans une formation initiale de qualité alternant formation universitaire et stage en établissement, assurant à la fois une maîtrise des savoirs disciplinaires, et des savoirs théoriques, académiques et professionnels. La formation continue ne doit pas être en reste, ni alourdir notre charge de travail : « pour qu’elle soit vraiment effective, elle doit être intégrée de façon claire dans le « service » de chaque enseignant, tout au long de sa carrière, et donc être reconnue au même titre que les autres activités professionnelles ».
L’année se termine avec toutes les incertitudes que nous vivons. Une seule certitude nous anime : nous nous battons chaque jour pour défendre ces valeurs et continuerons sans relâche.