Informations et réflexions sur le volet mathématique de l’étude PISA
Dans le BGV N° 120 de janvier 2005 nous avions rapidement présenté les résultats de l’enquête PISA [1] concernant les mathématiques. Ces résultats venaient alors d’être rendus publics et il était déjà manifeste qu’ils étaient de nature à intéresser les enseignants.
Dans ce texte, nous avions annoncé la prochaine mise à disposition, sur le site de l’APMEP, des questions que nous étions autorisés à diffuser et de quelques résultats.
Depuis, un article intéressant et conséquent a été publié dans le N° 460 du bulletin vert (septembre-octobre 2005) sous la signature de Claire Dupé et d’Yves Olivier : « ce que l’évaluation PISA peut nous apprendre ». Les collègues y auront trouvé matière à alimenter leur réflexion et à de nouveaux questionnements.
Plus récemment, la Société Mathématique de France (SMF), conjointement à la Société Mathématique Finlandaise (FMS), a organisé un colloque : "L’enseignement des mathématiques : à partir de l’enquête PISA" "Teaching mathematics : beyond the PISA survey" - Paris 6-8 octobre 2005. L’APMEP était évidemment représentée [2]
Les contacts avec les collègues finlandais ont été fructueux et ont permis de mieux comprendre certains éléments de ce que les médias nomment, peut-être un peu rapidement, le « miracle finlandais ». En particulier, nous avons pu entrevoir certaines limites de ce « miracle » en ce qui concerne l’enseignement des mathématiques.
En bref, nous avons certainement des leçons à tirer de la comparaison avec ce qui se passe en Finlande, et peut-être des enseignements à prendre. Toutefois, rien ne prouve que l’accent mis sur les mathématiques du « réel » soit corrélatif d’avancement dans le développement de compétences spécifiques dans le domaine mathématique. Le passage à l’abstraction, à la symbolisation, à la preuve, peut, si l’on n’y prend garde, faire les frais de ce désir d’adaptation des apprenants aux besoins immédiats du citoyen.
Avant l’étude PISA, la troisième étude internationale sur l’enseignement des mathématiques et des sciences (TIMSS) avait déjà montré nos faiblesses en ce qui concerne les mathématiques utiles à tous. En effet, nos élèves semblent acquérir des connaissances qu’ils on du mal à mobiliser dans des situations qui s’éloignent de leurs conditions d’acquisition. On observe aussi un manque général d’autonomie qui les limite dans l’adaptation nécessaire des connaissances acquises à des situations nouvelles.
Cependant, la question que nous devons nous poser n’est certainement pas : comment devenir bons dans les épreuves PISA ? Elle serait plutôt : comment articuler la nécessité de développer chez tous les élèves des compétences mathématiques qui leur soient directement utiles dans leur rapport au monde et dans leur vie de tous les jours avec la nécessité de développer, chez le maximum d’entre eux, un accès à l’abstraction, à la symbolisation, à la rigueur, qui font le propre des mathématiques... et qui sont indispensables aux développements futurs.
Précisons que sur ce dernier point, nos élèves, du moins les 25% qui réussissent le mieux, n’ont pas à rougir devant leurs homologues finlandais. De ce point de vue, les études de l’Observatoire EVAPM ont pu être mises à profit pour affiner les comparaisons.
Déjà, dans plusieurs pays, on observe une incitation des responsables des systèmes éducatifs à modifier l’enseignement, la formation des enseignants et même les programmes, pour s’adapter aux conceptions et aux tests de PISA. Une telle attitude peut être catastrophique et conduire à des conditionnements que nous ne pourrions que regretter. De ce point de vue, la réserve et la prudence des responsables français doit être mise à leur crédit.
Malgré cela, nous pensons à l’APMEP que les enseignants de mathématiques doivent avoir accès à toute l’information disponible et qu’ils sont assez responsables pour ne pas tomber dans le piège d’une adaptation réductrice et finalement dommageable à la qualité de leur enseignement.
Dans cet esprit, nous mettons sur le site de l’APMEP les présentations (Powerpoint) préparées pour le colloque et en particulier l’ensemble des questions mathématiques de PISA 2000 et de PISA 2003 que nous sommes autorisés à publier accompagnées des résultats enregistrés, pour chaque item, en France, en Finlande, dans l’ensemble de l’OCDE et dans les cas extrêmes.
On trouvera aussi le texte de mon intervention au colloque : « Ce qui est vraiment évalué par PISA en mathématiques. Ce qui ne l’est pas. Un point de vue français. ».
Nous espérons que ces documents seront utiles aux collègues isolés mais aussi pour des réunions ou des actions de formation.
N’hésitez pas à donner votre avis et à enrichir le débat. Vos contributions éventuelles seront mises sur le site.
Antoine Bodin [3]
31 octobre 2005
PISA : Questions, résultats, analyses, en français et en anglais, sur le site de l’APMEP à l’adresse :
http://www.apmep.asso.fr/rubrique.php3?id_rubrique=114