Bulletin Vert no 449
novembre — décembre 2003
L’ enseignement mathématique à l’école primaire de la révolution à nos jours textes officiels. Tome 1 : 1791-1914
par Renaud D’ENFERT
INRP, Paris.
373 pages.
Prix 32 €
Renaud d’Enfert, avec la collaboration d’Hélène Gispert et de Josiane Hélayel, propose une collection de soixante-dix textes officiels sur l’enseignement des mathématiques à l’école primaire de 1791 à 1914.
Chaque texte a été choisi comme important ou significatif pour la période étudiée : il est introduit par une présentation du contexte, des textes afférents et des éventuelles modifications ultérieures. Les textes retenus peuvent être des prescriptions du pouvoir central (lois, décrets, arrêtés, circulaires, …), des documents d’archives mesurant l’impact des prescriptions précédentes à l’échelon local (plans d’études, rapports d’inspection, comptes rendus de conférences pédagogiques, …), des extraits de la presse pédagogique proche du pouvoir en place qui permettent de comprendre les prescriptions de ce pouvoir et l’esprit qui les anime.
L’école élémentaire, l’enseignement primaire supérieur qui permet des scolarisations prolongées, et la formation des maîtres sont concernés.
Une importante introduction à l’ouvrage précise les lignes de force de cet enseignement mathématique à l’école primaire. L’école primaire est celle du peuple, et se distingue par ses méthodes et ses programmes de l’enseignement secondaire qui, avec ses classes « élémentaires », scolarise les enfants de milieux aisés. L’école primaire « doit répondre aux besoins de la vie quotidienne et professionnelle.
Encouragée depuis le sommet de l’Etat, cette orientation pratique n’interdit pas une diversification des connaissances mathématiques enseignées : la géométrie, l’algèbre, ou encore la comptabilité, viennent progressivement s’agréger au noyau central que forment l’arithmétique et le système métrique ».
Certains critères différencient l’enseignement des mathématiques à l’école primaire selon les époques : la limitation à des mathématiques pratiques pour les élèves se limitant à l’école élémentaire, l’introduction de la géométrie avec certains gouvernements progressistes, la limitation du programme mathématique destiné aux filles par rapport à celui des garçons.
Suivant les périodes certains facteurs peuvent expliquer le développement de cet enseignement mathématique : l’expansion de l’édition scolaire, l’adoption du système décimal de poids et de mesure, le développement des écoles normales, le renouvellement de la pédagogie et des méthodes d’enseignement, l’apparition de sections professionnelles dans l’enseignement primaire supérieur, le passage de la géométrie pratique à la géométrie expérimentale, …
L’ouvrage est clair et rigoureux : les périodes postérieures devraient être traitées dans de prochains tomes. Ce recueil de textes originaux, sélectionnés avec pertinence, facilitera l’accès des chercheurs ou du grand public, à la connaissance de l’enseignement mathématique à l’école primaire depuis la révolution française jusqu’à la Première Guerre mondiale. Que les auteurs soient félicités pour cet éclairage historique qui permet de mieux appréhender l’évolution actuelle de l’enseignement mathématique.