Bulletin Vert n°479
novembre — décembre 2008

Le Codex d’Archimède

par William Noel et Reviel Netz
traduit de l’anglais par Carole Delporte

Éditions J.-C. Lattès, septembre 2008
Édition originale anglaise : Weidenfeld & Nicolson, 2007
400 pages en 13 × 21, prix : 21,50 €, ISBN : 978-2-7096-2935-5

 

Le Codex C est un palimpseste, c’est-à-dire un manuscrit sur parchemin dont les feuillets ont été grattés pour réutilisation. En 970, à Constantinople, un scribe y copia, mot à mot, en grec ancien, plusieurs textes d’Archimède, y compris les diagrammes ; certains de ces textes sont connus à travers d’autres transcriptions (Codex A et B) mais le Codex C est le seul à contenir la Méthode et le Stomachion.

Le 14 avril 1229, un autre scribe finissait de recouvrir par des textes de prières ce document historique, après en avoir gratté et coupé en deux les feuillets, et mélangé ceux-ci à d’autres.

Entre 1906 et 1915, J.-L. Heiberg le déchiffra pourtant en grande partie, et l’utilisa, conjointement avec les Codex A et B, pour éditer les œuvres d’Archimède.

Puis il disparut de nouveau, et fut encore détérioré par l’ajout de fausses peintures.

En 1998 il réapparut dans une vente chez Christie’s et fut acheté par un milliardaire resté anonyme (seule précision : « ce n’est pas Bill Gates »), qui finança également d’énorme travaux : séparation des feuillets, numérisation à l’aide des techniques les plus pointues (ultra-violets, rayons X, même un accélérateur de particules fut utilisé), enfin déchiffrage. Celui-ci apporta des révélations sensationnelles quant aux travaux d’Archimède.

C’est cette aventure scientifique unique qui nous est narrée ici, avec un grand luxe de détails. Les 11 chapitres sont écrits chacun par un seul des deux auteurs : W. Noel, conservateur des manuscrits et livres rares du musée Walters, nous raconte comment il a coordonné l’opération et reconstitué l’histoire du palimpseste ; R. Netz, professeur de sciences anciennes à Stanford, nous fait vivre le quotidien du déchiffrage, nous parle des résultats et des méthodes d’Archimède (rôle important des diagrammes dans les démonstrations), et dévoile le contenu récemment révélé :

  • d’une part, (selon lui), dans la Méthode, Archimède ne se contentait pas de « l’infini potentiel », mais connaissait « l’infini actuel » et l’utilisait, en cas de besoin ; il connaissait l’égalité de deux nombres infinis, définie par une correspondance biunivoque ;
  • d’autre part, le Stomachion n’est pas comme on le croyait une simple étude d’un jeu de puzzle (genre Tangram), mais constitue le point de départ de la science combinatoire.

Avec de nombreuses explicitations des raisonnements archimédiens, un exposé détaillé des techniques les plus récentes de traitement de l’image (y compris leur explication au niveau de l’atome), des fragments érudits d’histoire grecque et médiévale, de nombreuses figures et photos noir et blanc dans le texte, 8 pages de photos couleurs, cet ouvrage est d’une richesse exceptionnelle, et nous fait partager l’enthousiasme de cette équipe, très multidisciplinaire, de chercheurs.

On peut regretter l’absence d’une bibliographie de langue française (mais ceux qui lisent l’anglais pourront piocher dans 6 pages), ainsi que l’excessive fidélité de la traduction à l’original anglo-saxon : on pourrait parler de calcul infinitésimal là où il est écrit simplement «  le calcul », et de démonstration par l’absurde plutôt que «  démonstration indirecte ». Mais ces détails n’enlèvent rien à la réussite de ce travail superbe.

 

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