JN 2020 — « En attendant Bourges »

Le discours d’ouverture
du président de l’APMEP

 

Mesdames, Messieurs, cher⋅e⋅s collègues,

 

C’est une tradition, nous ouvrons les Journées annuelles de l’APMEP par quelques discours. Certains nous confortent et d’autres nous bousculent. Celui du président de la régionale organisatrice déclare ouvertes les Journées nationales.

Seulement voilà... il n’y pas vraiment de Journées nationales, nous ne sommes pas réunis en présentiel, ne pouvons pas réellement échanger, nous entendre, nous rencontrer. Conjoncture oblige. Et faire un discours d’ouverture en ces temps de fermetures parait presque incongru. Je vais malgré tout en faire un — composé sur le thème de l’ouverture car nous avons besoin d’air, fenêtres sur rue et sur cour, et inaugurer nos Journées digitales, simple avatar certes de ce que nous savons produire d’ordinaire, mais avatar magnifique.

Ce que nous allons partager jusqu’à mardi est une nouveauté dans la vie de l’APMEP. L’équipe qui est derrière l’exploit de cet événement s’est mobilisée comme s’ils étaient 100, et je veux ici féliciter leur bel élan associatif, remercier celles et ceux qui savent donner de leur temps pour notre aventure commune et en particulier Animath pour leur aide technique.

Une maison a été construite, une agora, et je ne doute pas que les visiteurs seront nombreux… Le menu est très riche, plus que nous l’imaginions il y a encore quatre mois, lorsque le Bureau national a pris la décision d’annuler le rassemblement de Bourges cette année, pour le reporter en 2021. Ce foisonnement associatif est toute notre richesse. Nous l’estimons, Il est remarquable.

Pourtant, 2020, quelle année !

Elle n’est pas finie, certes, mais en six mois notre métier, pour ne parler que de lui ici, a été profondément impacté. Nous apprenons à gérer, avec les moyens du bord et les injonctions souvent contradictoires ou absconses du ministère, une crise de l’enseignement et de l’école. Distanciel/présentiel/hybridation. Ce yoyo éducatif à cadence forcée nous a coûté quelques plumes. Nous avons appris qu’il fallait se débrouiller, seul souvent, et l’avons fait, en y consacrant temps et moyens personnels. De cette expérience nous tirons des compétences que nous boudions parfois avant. Gardons-les précieusement, elles seront fondamentales dans le renouveau de notre métier. Oui, mais voilà, nous voulons être de ceux qui pensent ce renouveau.

Passons outre le déni de nos conditions de travail, le prof bashing et les attaques imbéciles que nous avons subies en juin, le risque professionnel accru depuis septembre. Ce que nous retenons de cette période, et ce qui nous permet d’affronter la vague d’automne, c’est que nous tenons à notre métier et lui donnons un sens plus profond que celui d’occuper la journée des enfants et adolescents, pour à l’occasion leur proposer des moments apprenants.

C’est très revigorant. Nous tenons collectivement à construire du savoir, et à remplir notre rôle de fonctionnaire au service d’un État qui se soucie d’éducation. Réaffirmons-le, et ces Journées digitales viennent en apporter une preuve manifeste. Les collègues tiennent à échanger, à proposer, à discuter.

Puisque c’est un discours d’ouverture, jouons donc l’ouverture. Nous sommes prêts à discuter de tout. Une réforme n’est pas mauvaise d’être réformatrice. Celles que nous connaissons depuis trois ans nous posent problème parce qu’elles sont mal fagotées et imposées, heurtant notre professionnalité et ce qui constitue notre bon sens de femmes et d’hommes du « terrain ».

Celle du bac et du lycée en est l’exemple typique. Nous alertons depuis plus deux ans sur ce qui ne va pas et qui ne pourra pas tenir debout, en soulignant toutefois l’intérêt d’un projet de réforme du lycée des séries. La série S ne satisfaisait personne, c’est un fait. Mais toute cette réforme a été faite sans nous, sans nos collègues, sans nos avis. Nos remarques ont été écoutées, poliment, mais rien n’a été entendu. Et les 21 propositions du plan Villani-Torossian ont été vite rendues quasi inapplicables. Le calendrier des épreuves du bac en devient absurde. Que se passe-t-il ? Le ministère nous semble manquer légèrement d’ouverture... Mais nous sommes là, prêts, porteurs. Parlons-en.

La réforme de la formation des enseignants prend tout autant un étrange chemin… De l’usage du flou comme outil de gestion. Mais pas de souci : ouvrons cette fenêtre sur l’arrière boutique. Nous proposons d’en discuter, avec toutes les associations disciplinaires et de spécialistes concernées, avec la profession. Nous sommes là.

Le lycée professionnel bat de l’aile ? L’enseignement des maths et des enseignements généraux y est mis à mal, rendant difficile une poursuite d’études pour ces jeunes ? Nous proposons encore sereinement d’en discuter. Nous avons plein d’idées, issues de notre savoir professionnel, et de notre souci profond d’éducation.

Les résultats CEDRE nous donnent encore une mauvaise note ? Aïe, aïe, aïe, que faire ? Pour ce qui est de la perte générationnelle des savoirs mathématiques fondamentaux, nous proposons de réfléchir aux solutions possibles. Nous possédons quelques compétences solides en ce domaine.

Voyez, Monsieur le Ministre, c’est simple. Nous sommes ouverts, même pendant les vacances. Prenez contact avec nous, nous sommes là.

C’est cette même abnégation que nous avons à être là qui nous a poussé aujourd’hui à organiser des Journées digitales. Les représentants du ministère y sont conviés, certains seront là, nous les en remercions. Nous trouver est facile.

C’est aussi cette confiance dans l’association qui nous incite à ouvrir un débat complexe autour de "quelles mathématiques enseigner au 21eme Siècle ?". Le monde est actuellement très mouvant, tout change, quelle pierre apportons-nous ? Nous voulons nous poser la question. Les synthèses qui sortiront de nos débats alimenteront la vie de l’APMEP et, toujours par souci d’ouverture, seront largement diffusées. Monsieur le Ministre c’est avec plaisir que vous en recevrez un exemplaire.

Contre mauvaise fortune bon coeur, dit le dicton… Je déclare ouvertes ces Journées digitales de l’année 2020. Qu’elles nous aident à conjurer le mauvais sort que nous connaissons.

Profitez-en, belles journées, bonnes vacances !

Et je dis à tous à très bientôt. Mais disons plutôt en face-à-face. Au plaisir de se retrouver, de vous rencontrer si vous ne nous connaissez pas, dans les régionales, les comités, les séminaires, au local parisien, dans les lycées, les collèges, les écoles, partout où l’un de nous se trouve.

Je vous souhaite à tous d’excellentes Journées de l’APMEP « En attendant Bourges … »

 

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