Bulletin Vert n°501
novembre — décembre 2012
Merci François !
Voici un premier article en hommage à François Colmez. D’autres articles sont prévus pour le prochain bulletin.
J’ai fait la connaissance de François Colmez en 1970, à mon arrivée comme animateur à l’IREM de Paris « Sud » (comme on disait alors), mais je n’ai vraiment commencé à travailler avec lui que quelques années plus tard, au sein du groupe « Géométrie » de l’IREM (la brochure « Rotations et angles en seconde », à laquelle j’avais participé sous sa direction, remonte à 1981). Il faut dire que François était passionné par l’enseignement de la géométrie « de la maternelle à l’université » : dès les débuts de l’IREM, il avait entrepris une recherche et réalisé des expérimentations dans des classes primaires. Tout au long des années 80 j’ai travaillé avec lui, en binôme, sur l’enseignement de la géométrie de l’espace au lycée, où il venait assister, dans mes classes, aux cours que nous avions préparés ensemble (ma thèse doit beaucoup aux nombreux échanges et discussions que nous avons eus à propos des représentations de l’espace, notamment sur l’articulation du « vu » et du « su »).
C’est d’ailleurs au cours de cette période que nous avons été amenés à étudier l’évolution des dessins réalisés par des élèves de 10 à 18 ans, ce qui nous avait permis d’identifier des « moments cruciaux » favorables à un apprentissage des représentations de solides. Plus tard nous avons réalisé un travail sur l’enseignement de la perspective en BTS, à l’école supérieure d’arts appliqués Duperré, en nous aidant des maquettes qu’il fabriquait. Et, parallèlement à ces travaux de recherche, nous diffusions nos idées parmi les collègues en co-animant à l’IREM des stages de formation continue.
Dans les années 90, alors que j’étais déjà en poste à Metz, il m’avait entraîné dans une nouvelle recherche, cette fois sur l’enseignement de la géométrie au début du collège, au collège Marie Curie de Sceaux. Certes, François n’écrivait pas beaucoup, mais nous avons néanmoins publié plusieurs articles ensemble, et ce fut pour moi une expérience très riche que d’être confronté à sa rigueur de pensée, à son exigence et à sa vigilance. Ceux qui l’ont fréquenté savent que sa culture et ses connaissances étaient encyclopédiques et, aussi qu’il avait le don de vous expliquer les sujets les plus ardus de telle façon qu’après coup — mais après coup seulement — ils vous paraissaient évidents.
Ce que je retiendrai personnellement de François, c’est avant tout sa grande modestie et son extrême gentillesse, qui n’étaient pas de façade ; c’est ainsi que, par amitié, il venait chaque année assister avec Françoise, son épouse, aux spectacles lyriques auxquels je participais. Je garderai aussi le souvenir de son calme et de son égalité d’humeur, dont il ne se départait qu’exceptionnellement, et toujours pour des raisons qui en valaient vraiment la peine. Je suis heureux et fier d’avoir travaillé avec lui durant toutes ces années.