communiqué du 26 janvier 2023
 

Sur Eduscol, une page dédiée au grand oral du baccalauréat, en janvier 2023, modifie ses conditions de passation de façon importante et invalidante pour qui choisit un sujet impliquant les mathématiques : l’utilisation du tableau est désormais interdite, et « le jury ne peut pas demander au candidat d’écrire (ni sur une feuille, ni au tableau) pour répondre à des questions qu’il lui soumettrait ou faire des exercices ». Le candidat peut s’appuyer sur le support qu’il a construit pendant sa préparation, et le montrer au jury, mais ce support ne peut pas être modifié, ni évalué pour lui-même.
 
Cette nouvelle modalité n’est pas anodine et montre une nouvelle fois dans quelle ignorance se trouve le ministère de l’éducation nationale vis-à-vis de la culture scientifique en général, et mathématique en particulier. Comment nos élèves vont-ils pouvoir s’exprimer mathématiquement ? Quelles questions les membres du jury pourront-ils poser, s’il s’agit d’éviter les figures géométriques, les schémas, les arbres de probabilités, les représentations graphiques de fonctions, les algorithmes ? L’idée même de proscrire le recours à l’écrit pendant l’épreuve est déconnectée de la pratique des mathématiques. Parler les mathématiques est en effet fondamental, mais disposer du tableau pour étayer la parole est une pratique courante de toute communication verbale dans le domaine scientifique : c’est donc indispensable. Cette décision vide de fait l’épreuve certificative du grand oral de ce qui peut justement lui permettre d’être un exercice complémentaire aux autres activités mathématiques. et risque de mettre en difficulté lors de l’oral aussi bien les candidats que les jurys.
 
L’épreuve du Grand Oral doit être repensée : la maîtrise des savoirs, preuve d’un travail de qualité, doit être déterminante dans l’évaluation. En mathématiques, argumenter n’est pas convaincre, mais démontrer. Un horaire hebdomadaire doit être prévu pour y préparer sérieusement les élèves, et les conditions de passation pensées, stables et anticipées. La Conférence des Associations de Professeurs Spécialistes avait été reçue en audience le 30 août 2022 pour soulever toutes ces questions, sans être entendue.