Bulletin Vert n°504
mai — juin 2013
Présentation du dossier
« Enseignement des mathématiques à l’étranger »
Depuis un quart de siècle, dans notre pays, l’enseignement des mathématiques a vu se succéder à un rythme rapide les modifications : les horaires se sont rétrécis cependant que se dilatait l’ambition affichée des programmes. Dans le même temps, le rang de la France dans les évaluations internationales allait grimpant (on a les croissances qu’on peut).
Au test de mathématiques PISA 2009, la France s’est retrouvée 22 e (elle était 13e en 2003). Les cinq premiers étaient, dans l’ordre, Shangaï, Singapour, Hong Kong, la Corée du Sud et Taïwan. La presse, qui s’est longuement extasiée sur la Finlande, classée sixième, n’a que peu évoqué l’écrasante supériorité des dragons asiatiques.
Si l’on s’attache au niveau des élites lycéennes, les résultats des Olympiades internationales de mathématiques sont tout aussi édifiants : sur les dix dernières années, la Chine s’est trouvée sept fois en tête et trois fois seconde. Les USA, dont on a tant décrié l’enseignement secondaire, ont été trois fois deuxièmes et quatre fois troisièmes. Dans le même temps, la France n’a jamais fait mieux que vingt- quatrième.
Il est donc intéressant et peut-être urgent de regarder ce qui se fait ailleurs. Nous avons prévu un dossier en deux parties. Dans ce numéro, priorité est donnée aux pays lointains : l’enseignement en Extrême-Orient tel que le voient les responsables locaux, les très difficiles examens chinois, les équivalents américains du brevet et un émouvant témoignage sur l’enseignement en Afghanistan. La seconde partie portera pour l’essentiel sur les pays européens, Allemagne, Angleterre et Italie, si proches de nous et pourtant si différents.
On ne trouvera pas dans ce dossier d’organigrammes des systèmes éducatifs : nous avons préféré mettre l’accent sur ce qui est attendu des élèves et donc insister sur les traductions d’exercices et de problèmes proposés aux collégiens et lycéens.
On le verra, l’esprit de ces énoncés est souvent très éloigné de ce dont nous avons l’habitude. Ce qui vient de l’étranger n’est pas forcément meilleur, mais pourquoi ne pas essayer sur nos élèves quelques-uns de ces textes ? Cela aurait au moins le mérite de piquer leur curiosité : selon les fortes paroles de ma grand-mère, « le changement de pâture réjouit le cœur des veaux ».