La réforme des concours de recrutement et des masters MEEF communiqué, 7 février 2020
Communiqué de la Commission Formation des Enseignants de l’APMEP
7 février 2020
Préliminaires
Le caractère flou des dispositions fournies et le manque d’informations officielles sur cette réforme ne permettent objectivement pas l’élaboration d’une nouvelle offre de formation pour la rentrée 2020.
Le report (annoncé le 16 janvier 2020) de la mise en œuvre de nouveaux masters MEÉF à la rentrée 2021 doit permettre l’ouverture d’une véritable concertation associant tous les partenaires de la formation des enseignants dans la durée sur les contenus des masters et la répartition des stages. Ces mesures sont nécessaires pour qu’une troisième réforme en dix ans améliore significativement la formation et le recrutement des enseignants et la réussite des élèves. Une mise en œuvre précipitée et sans visibilité ne le permet pas et fragilise les équipes IUFM/ESPÉ/INSPÉ éprouvées par la multiplication des réformes.
Les informations diffusées à ce jour sur les masters et les concours soulèvent bien des questions qui devront faire l’objet de cette concertation, en particulier sur les points détaillés ci-dessous.
Master
L’organisation prévue pour l’année de M2 imposant aux étudiants de mener de front des stages, la rédaction d’un mémoire universitaire professionnel, et la préparation des épreuves écrites et orales du concours, paraît très lourde. Qui plus est, la perspective de stages en responsabilité à tiers-temps évoquée dans le seul texte diffusé [1], pose de sérieuses questions quant à la possibilité pour les étudiants concernés de suivre correctement la formation et de se préparer efficacement à un concours en fin d’année tout en assurant cette lourde charge d’enseignement.
Cette réforme reporterait d’un an le statut de fonctionnaire stagiaire bien plus enviable que le statut de contractuel envisagé pour les étudiants de M2. Ces étudiants en alternance, dont le niveau ne serait plus garanti par un concours national, seraient en pleine responsabilité dans des classes, a priori dans des établissements proches des centres de formation. Ce problème de disponibilité d’établissements amène dès à présent les INSPÉ [2] à réduire drastiquement les capacités d’accueil des masters MEEF [3]. La sélection en M1 se substituant de fait au concours, des étudiants méritants de L3 se verront privés de la possibilité de le préparer dans de bonnes conditions. Cette logique amenant à confondre diplôme et recrutement remet en cause à la fois les bases de l’égalité territoriale et la logique nationale des concours.
À l’inverse, nous sommes persuadés qu’une professionnalisation efficace ne peut avoir lieu que dans le cadre d’une véritable formation en alternance, comprenant avant le concours des stages d’observation et de pratique accompagnée, et, après le concours, une année au moins d’enseignement en responsabilité avec décharge significative pour tous, permettant un temps de formation continuée reposant sur une pratique de classe encadrée et réflexive accompagnée par des tuteurs. La proportion significative de lauréats non titulaires d’un master MEEF rend cette formation d’autant plus indispensable.
Concours et ventilation horaire des masters
Les nouvelles épreuves du CAPES de mathématiques, telles qu’elles semblent envisagées, ne garantiraient plus, comme c’est le cas avec les deux épreuves écrites actuelles du concours, une bonne évaluation du niveau disciplinaire des futurs enseignants. Dans le projet [4] qui circule actuellement, sur les quatre épreuves prévues aux concours, une seule semble véritablement disciplinaire. Cette unique épreuve est une épreuve écrite, de moindre coefficient (1/6 par épreuve écrite selon les coefficients actuels) puisque « le jeu des coefficients majorera le poids de l’oral par rapport aux écrits ». Pour les autres concours impliquant plusieurs disciplines, dont le CRPE [5] et le CAPLP [6], une épreuve unique est totalement inadaptée.
La seconde épreuve orale (donc à coefficient fort, 1/3 selon les coefficients actuels) de tous les concours évaluerait « la motivation du candidat et sa connaissance de l’environnement et des enjeux du service public de l’éducation et sa capacité à incarner et verbaliser les valeurs de la République et à se positionner en fonctionnaire ». Cette épreuve reprend un type d’évaluation (Agir en fonctionnaire de l’État) déjà proposé aux concours par la réforme de 2010, considéré inadéquat et drastiquement réduit par la réforme de 2013.
Les futurs enseignants doivent être prioritairement recrutés sur leur aptitude à transmettre des savoirs et non sur leur capacité être de bons communicants ou fonctionnaires.
Dans la ventilation horaire proposée pour les masters dans [7], la part assurée du disciplinaire, d’au moins 45 % pour les parcours du second degré , doit être suffisante pour une véritable formation d’enseignants capables d’assumer les programmes qu’ils enseigneront. La professionnalisation doit être rééquilibrée afin que les étudiants inscrits en Master MEEF puissent bénéficier d’une solide formation en mathématiques, à la fois en disciplinaire, didactique, épistémologie et histoire.