D’une présidence à l’autre…

Risquons nous, une fois n’est pas coutume pour des professeurs de mathématiques, à un raisonnement inductif qui ne saurait être, rassurons-nous, qu’un exercice de style : 1808, l’Empire instaure l’enseignement secondaire dans les lycées et crée le baccalauréat ; 1902-1905, la Troisième République installe les cycles et les séries qui structurent durablement l’architecture des collèges et lycées du vingtième siècle ; 2008, le Ministère affiche la volonté d’une réforme de grande ampleur, censée profondément transformer le lycée du vingt-et-unième siècle. Conclusion : la première décennie de chaque siècle est propice aux réformes structurelles susceptibles de façonner nos établissements et notre métier, pour les quatre-vingt-dix années suivantes.

Las ! Le raisonnement est mis en défaut dès le rang trois, à l’aune de la réforme proposée. Peut-on d’ailleurs parler de réforme alors qu’il s’agit, sans aucun doute, de modifications marginales ? Et que penser de nouveaux programmes qui, une fois de plus, s’imposent a priori, sans tenir compte de l’organisation de l’environnement dans lequel ils seront mis en œuvre ?

Pourtant, depuis deux ans, l’APMEP n’a pas ménagé ses efforts. De réunions en auditions ministérielles, de colloques en consultations, elle n’a eu de cesse de porter des revendications qu’on peut, à tout le moins, qualifier de raisonnables : disposer de temps pour traiter des programmes adaptés à tous les élèves ; assurer un enseignement mathématique solide pour les élèves intéressés par les sciences, un enseignement de culture scientifique de qualité pour leurs camarades plus enclins aux études moins scientifiques, enseignements se devant d’être dispensés dans une structure permettant à chacun de se déterminer sur un parcours d’études, choisi selon ses goûts et ses aptitudes. Et ce n’est pas l’unique sujet : formation des maîtres, évaluation du socle commun, articulation collège-lycée, autant de sujets où les hésitations ministérielles laissent peu de place au débat de fond et alimentent notre incompréhension générale.

Tout cela n’aura-t-il donc servi à rien ? Non, car comme le dit Alain, si le pessimisme est d’humeur, l’optimisme est de volonté. L’APMEP possède justement les atouts que ne connaissent pas les défilés incessants des Ministres de l’Éducation nationale : le remplacement volontaire, en moyenne tous les deux ou trois ans, de ses dirigeants (président(e), bureau et comité), garantit une incessante remise du travail sur l’ouvrage. Rappelons-le autour de nous : l’APMEP, c’est avant tout la conviction de ses adhérents et militants qui, on l’a vu au cours des derniers mois, sont exigeants, à juste titre, dans leur souhait de voir de vraies réformes aboutir et de mauvaises propositions être retirées. C’est ensuite l’ensemble de ses commissions, auxquelles peuvent et doivent participer (c’est bien un appel !) autant de monde qu’il est nécessaire pour établir une ligne de conduite claire, dans laquelle chacun puisse se retrouver. C’est enfin un mouvement qui doit, certes, être réactif aux tergiversations infligées depuis plusieurs mois, mais qui doit également oser anticiper et proposer ses propres convictions, votées par son comité et portées par son bureau à tous ceux qui voudront bien les entendre.

D’une présidence à l’autre, l’APMEP reste donc un acteur légitime, représentatif des professeurs de mathématiques de la maternelle à l’université. A cet égard, elle doit être entendue, écoutée et considérée, en tant qu’association de spécialistes, comme un élément à part entière du système éducatif, au même titre que les syndicats, les IREM ou les sociétés savantes.

Ne pas mettre systématiquement les professeurs de mathématiques au pied du mur des décisions peut s’avérer vertueux car nombre de tensions inutiles, de rapports de force artificiels pourraient être raisonnablement évités. La réforme du lycée, de ses programmes et de sa structure, du baccalauréat demain, de la formation des enseignants, n’en est qu’à son début. L’APMEP compte bien faire entendre sa voix tout en gardant la liberté de parole qui la caractérise depuis toujours.

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