Le Scandale de l’abandon des IREM

Les IREM sont les Instituts de Recherche sur l’Enseignement des Mathématiques, en lien avec les universités et les rectorats. Ce sont des lieux où des collectifs d’enseignants de tous les degrés (primaire, secondaire, supérieur), de formateurs et de chercheurs peuvent officiellement travailler ensemble. Dans le contexte actuel, ce sont même les seuls. Les IREM élaborent des ressources, proposent des formations, constituent un lien concret entre recherche et terrain, travaillent tous les champs nécessaires à un enseignement de qualité (didactique, histoire et épistémologie des mathématiques, sciences de l’éducation). Ce travail est crucial pour les métiers de l’enseignement et de la transmission des mathématiques. Pour pouvoir fonctionner, les IREM étaient jusqu’ici dotés d’un financement, par le ministère, les rectorats et les universités.

Aujourd’hui, nous lançons un cri d’alarme : les IREM sont en danger immédiat. Le gouvernement ne reconnaît pas à leur juste valeur les missions des IREM et des enseignants qui s’y investissent. Les moyens se tarissent d’une façon dramatique, sur tous les plans (les locaux, les heures, les crédits de fonctionnement). Dans certaines académies, la situation est d’ores et déjà critique. À Lille par exemple, l’IREM a été sommé de changer de locaux et doit investir une surface moindre, qui ne permettra pas son bon fonctionnement. Ailleurs, l’IREM ne dispose plus que d’un secrétariat à temps partiel. Ailleurs encore, l’IREM ne dispose plus de sa bibliothèque, lieu de ressources, de culture et de mémoire pourtant fondamental.

En parallèle, l’EAFC (école académique de la formation continue) met également en danger le fonctionnement des IREM. Des rectorats refusent de renouveler leur financement, au prétexte que les actions de l’IREM rentreraient dans l’EAFC. Il s’agit en fait d’une instrumentalisation scandaleuse : ces rectorats cherchent à utiliser à moindre coût les travaux et les ressources de l’IREM pour outiller des formateurs académiques, à qui devraient être fournis des modules clefs en mains qu’ils pourraient déployer sans l’expertise apportées par la réflexion collective menée au sein des IREM. 

Comment comprendre le discours de nos institutions qui insistent sur la nécessité d’attirer les élèves vers les mathématiques et les sciences, de trouver des enseignants et de leur offrir une formation de qualité mais qui ne soutiennent pas les dispositifs qui le permettent ?

Nous nous insurgeons contre ce qui constitue un scandale : si les décisions institutionnelles actuelles demeurent, c’est d’un abandon qu’il s’agit, et les IREM disparaîtront, avec toute leur richesse scientifique, culturelle et humaine, tout leur apport à la formation des enseignants et toute leur histoire.