Bulletin Vert no 441
septembre — octobre 2002
Editorial du Bulletin 441 Pas de vacances pour l’APMEP
Pas de vacances pour l’APMEP
Rappelons que l’APMEP a pour but de faire évoluer le système éducatif afin d’assurer la formation mathématique la mieux adaptée aux besoins du plus grand nombre possible d’élèves. Ses positions et propositions s’appuient sur le travail de réflexion de ses commissions et groupes de travail. Profitons de la pause estivale pour les rappeler et tenter de les expliquer.
Les mathématiques sont une discipline exigeante, leur apprentissage ne tolère ni l’à-peu-près, ni la superficialité et s’accommode fort mal au contexte scolaire actuel. Quelle formation sérieuse peut-on d’ailleurs attendre d’un système qui privilégie systématiquement l’administratif et le social au détriment du pédagogique, plus soucieux des taux de passage en classe supérieure ou de réussite aux examens que des connaissances et compétences acquises, indifférent au non-travail et à l’absentéisme des élèves ? Il est donc urgent de prendre des mesures générales favorisant le travail personnel des élèves et valorisant leur mérite comme l’a déclaré Luc Ferry.
L’école élémentaire doit disposer des moyens nécessaires pour remplir sa mission, en particulier aider les élèves en difficulté : la réussite au collège en dépend (cf. BGV no 101).
Pour que chaque collégien puisse tirer le maximum de profit de la formation qui lui est donnée, il est nécessaire de créer des structures différenciées à partir de la classe de quatrième, adaptées aux besoins réels des élèves, leur permettant de progresser et de s’épanouir, assorties de passerelles permettant des réorientations (cf. BGV no 101).
Pour permettre aux élèves de seconde de mieux appréhender la nature de la démarche scientifique, de consolider leur choix d’orientation, pour leur donner le goût des sciences, l’APBG, l’APMEP et l’UDP demandent la création d’une option sciences de détermination (cf. BGV nos 99 et 101).
Le programme de la classe de seconde ayant été modifié, ceux des séries technologiques doivent l’être aussi, d’autant que certains ne sont plus du tout adaptés au contexte actuel.
L’APMEP rappelle qu’elle a toujours porté de l’intérêt au travail en équipes interdisciplinaires et à la recherche de ponts entre les disciplines, mais elle estime que les activités interdisciplinaires (itinéraires de découvertes, TPE, ...) doivent s’inscrire dans le cadre d’une mise en culture des connaissances plutôt que dans celui d’un apprentissage des concepts, ce qui implique qu’elles soient plus articulées aux contenus des programmes et que leurs horaires soient complémentaires de ceux des apprentissages fondamentaux (cf. BGV no 103).
Les bacheliers littéraires ont besoin de mathématiques dans de nombreux cursus post-bac, tout particulièrement les futurs professeurs d’école. Il est donc indispensable de rétablir l’offre d’une spécialité mathématique en série L (cf. BGV nos 99 et 102) comme semble le souhaiter Xavier Darcos.
Agir sur les examens, en particulier le baccalauréat, c’est agir à la fois sur l’enseignement en amont et sur le comportement des élèves, donc sur leur formation. L’apprentissage des mathématiques doit être centré sur trois objectifs fondamentaux pour l’élève : acquérir des connaissances, être capable de les utiliser et de les réinvestir en situation, développer son autonomie, sa créativité, son esprit critique. Contrairement aux pratiques actuelles, les épreuves d’examen doivent permettre d’évaluer chacune de ces trois composantes en proposant plusieurs problèmes courts, indépendants, plus globaux. Pour chacun d’eux la compétence dominante qui ferait principalement l’objet de l’évaluation devrait être clairement annoncée (cf. BGV no 105). Cependant, modifier les épreuves du bac ne suffit pas, il faut aussi modifier leur évaluation. Donner le maximum des points impartis à des démarches approximatives, voire fausses, comme l’imposent trop souvent les commissions actuelles de barème, n’incite pas les élèves à un effort de rigueur et de rédaction. Diversifier efficacement les compétences que nous souhaitons tous développer chez nos élèves exige deux conditions : annoncer suffisamment à l’avance les évolutions et modifications envisagées, afin que les professeurs puissent y préparer leurs élèves et éviter ainsi des réactions de rejets et surtout disposer d’un horaire suffisant.
Les horaires de mathématiques au collège et au lycée diminuent. Comment former correctement nos élèves en moins de temps, alors qu’ils travaillent moins, avec des exigences institutionnelles de plus en plus floues ? Dans ces conditions, notre enseignement ne peut devenir que plus sélectif et plus inégalitaire ; les élèves les plus fragiles en sont les premières victimes. Cette revendication prioritaire pour l’APMEP est soutenue par une pétition (cf. BGV no 102) qui a déjà recueilli plus de 16000 signatures.
Le recrutement des professeurs de mathématiques doit être programmé sur plusieurs années pour éviter les effets « d’accordéon » avec les conséquences que l’on connaît. Les épreuves de mathématiques du concours de recrutement des professeurs des écoles doit permettre de garantir un minimum de compétences dans la discipline et son enseignement, à un niveau à préciser dans un programme national (cf. BGV no 100).
La formation continue doit prendre davantage en compte les besoins réels des enseignants et pas seulement les priorités de l’institution. Les représentants des enseignants, par exemple l’APMEP, doivent donc être associés à la définition des besoins et à la mise en place des PAF. Ces formations doivent être diversifiées, en particulier pour la durée et la prise en compte dans le service des enseignants sans prendre sur le temps destiné aux élèves (cf. BGV no 100).
Luc Ferry a manifesté son intention de valoriser les corps intermédiaires. Par sa connaissance du terrain, ses analyses des problèmes, l’APMEP a des propositions réalistes et efficaces, elle espère donc être consultée et mieux entendue par ce ministère que par les précédents…