Bulletin Vert no 460
septembre — octobre 2005

Editorial du bulletin 460 Feuille de route

Monsieur le [ministre]

je vous fais une lettre

que vous lirez peut-être

si vous en avez le temps...

Le locataire du 110 rue de Grenelle a encore changé. Exit Luc Ferry, François Fillon, bonjour Gilles de Robien. Un élève de terminale en 2005 aura donc vu défiler dix cabinets ministériels depuis son entrée à l’école primaire et le président actuel de l’APMEP trois, ce qui ne permet guère de dialogues constructifs !

Comme nous l’avons fait avec ses prédécesseurs, je me permets d’adresser à notre nouveau ministre, une liste, non exhaustive, des sujets que l’APMEP souhaite voir enfin traiter rapidement.

Apprendre, enseigner les mathématiques demande du temps. Les mathématiques sont une discipline exigeante, leur apprentissage ne tolère ni l’à peu près, ni la superficialité. Malheureusement, l’APMEP constate que, trop souvent, il n’y a pas adéquation entre les programmes et les horaires. L’exemple de la série scientifique est, en ce sens, emblématique de ce dysfonctionnement (L’APMEP demande d’ailleurs la refonte complète de cette série.) : les professeurs de mathématiques sont placés, par leur hiérarchie, dans l’impossibilité de traiter correctement chaque partie du programme avec la profondeur requise. Trop peu de notions, pourtant essentielles pour la poursuite d’études, ne peuvent être étudiées convenablement et donc comprises et assimilées par les lycéens. Deux ans de ce régime dégouttent à jamais un trop grand nombre de jeunes et les détournent des études scientifiques universitaires, pourtant déficitaires depuis quelques années. Y aura-t-il, par exemple, assez de candidats au concours de recrutement des professeurs de matières scientifiques ?

Aussi profond que puisse être le travail des équipes qui sont en charges des programmes, seule la mise en application effective permet de vérifier la pertinence et la faisabilité des nouveaux programmes. Outre l’inadéquation entre les horaires et les programmes dénoncée plus haut, plusieurs autres défauts peuvent apparaître comme des difficultés trop importantes de certaines notions, ou à contrario, un programme trop peu consistant. En conséquence, l’APMEP demande la création de groupes de suivi des programmes dont la mission serait l’évaluation du nouveau programme durant les premières années de sa mise en application. On pourrait ainsi être à l’écoute des enseignants, par le biais notamment de groupes de recherches et de réflexions, ayant acquis de l’expérience, comme les IREM et l’APMEP.

Avoir du temps est nécessaire, mais non suffisant, il faut aussi laisser une certaine liberté d’initiatives aux enseignants. Il existe de nombreuses expériences pédagogiques, initiées par les acteurs du terrain que sont les professeurs. Ces expériences ne sont que trop rarement reconnues, et encore moins évaluées et pourtant elles mériteraient, pour la grande majorité d’entre elles, toute l’attention et le soutien du ministère. Parmi toutes les initiatives qui reviennent à l’APMEP, l’une est connue sous le nom d’option sciences.

Option pluridisciplinaire, elle permet aux élèves qui le souhaitent de mieux s’essayer aux démarches propres aux disciplines scientifiques. Au vu des expériences positives se déroulant dans certaines académies en classe de seconde, l’APMEP ne peut que recommander, pour cette option, l’absence de « programmes imposés », ce qui permet de privilégier les objectifs de formation et l’apprentissage de démarches ainsi qu’une certaine liberté pédagogique. L’APMEP recommande, par ailleurs, sa généralisation aux classes de premières et terminales scientifiques.

À l’initiative de militants APMEP, de nombreuses activités périscolaires, comme les clubs de mathématiques, les rallyes, les ateliers, etc. sont très prisées, comme en témoigne le nombre croissants d’élèves intéressés. Là encore, un appui plus officiel et une reconnaissance par l’administration seraient les bienvenus. Cependant, il ne faudrait pas que ce genre d’activités, portées par des bénévoles la plupart du temps, servent de caution et se substituent aux nécessaires réformes.

Il est évident que l’APMEP, association regroupant des professeurs de mathématiques, de la maternelle à l’université, a encore beaucoup de choses à dire sur chaque niveau d’enseignement, sur chaque section, sur chaque série, aussi, je conseillerais à notre nouveau ministre de ne pas hésiter à nous consulter : nous avons le sérieux et les compétences et en plus nous sommes au plus près du terrain et des préoccupations de nos collègues. Le débat pourrait notamment se faire à partir du contenu politique figurant dans notre plaquette "visages de l’APMEP", élaboré et voté par notre comité, représentatif de nos militants . Sitôt l’édition 2005-2006 sortie des presses, nous ne manquerons pas de lui faire parvenir.

Cette plaquette sera aussi envoyée en grand nombre dans chacune de nos régionales qui ne manqueront pas, j’en suis sûr, de lui donner l’audience la plus large possible.

 

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