Bulletin Vert n°499
septembre 1995

Hommage à Frédérique et Georges Papy

Comme beaucoup de belles histoires, celle-ci commence par une histoire d’amour.

Frédérique a invité Georges au congrès de la Société Belge des Professeurs de Mathématiques… Nous sommes à Arlon en plein été 1959. Ancienne élève de Jacques Tits (prix Abel 2008), elle est alors directrice de l’École Normale d’État ; enthousiasmé par les actions de Willy Servais (1913-1979) et Caleb Gattegno (1911 — 1988), il est professeur titulaire de la chaire d’Algèbre à l’Université Libre de Bruxelles.

La conférence qu’il prononce fonde ce qui sera une des utopies du XXe siècle selon Paul Van Praag : il est non seulement possible, mais aussi utile et passionnant, d’enseigner quelques éléments de topologie et les concepts ensemblistes modernes, aux plus jeunes élèves de nos écoles et de nos lycées !

L’enthousiasme est tellement fort que le mouvement qu’il fait naître débordera les frontières de la Belgique pour rejoindre et alimenter les tenants de la « Mathématique Moderne » en Angleterre, aux Pays-Bas, au Canada, en France, aux États-Unis, en Allemagne, en Pologne, en Italie et dans le monde entier.

Georges Papy fit alors, des années soixante, une fantastique période que les moins de soixante-dix ans ne peuvent pas connaître : créateur du Centre Belge de Pédagogie de la Mathématique (CBPM) en 1961 ; président de la Commission Internationale pour l’étude et l’amélioration de l’enseignement des mathématiques (CIEAEM) ; auteur, avec Frédérique, des volumes successifs de Mathématique Moderne (1963 et suivantes), et de L’enfant et les graphes (1968).

Ce couple bouleverse profondément l’idée que se faisaient les mathématiciens de l’enseignement de leur discipline, et surtout du niveau auquel on pouvait l’enseigner ; dommage alors que la fascination d’un « système axiomatique généralisé de la géométrie » soit venue polluer l’esprit des réformes en Belgique et en France ; cependant l’aspect positif fut que, tout d’un coup, chacun comprit que les enfants pouvaient rencontrer les mathématiques très tôt, les aimer, s’amuser avec, et y prendre plaisir.

Pour ma part, c’est en ouvrant L’enfant et les graphes que j’ai appris ce que pouvait être une « mathématique en couleurs », c’est-à-dire une mathématique pour laquelle la couleur n’est pas qu’un ornement esthétique mais une composante signifiante du plaisir de chercher et du raisonnement qu’elle illustre.

Merci à Georges et Frédérique Papy pour leur vision, leur travail et leur engagement !

Ils aimaient les mathématiques ; ils aimaient les enfants ; et ils aimaient les voir tester leur intelligence, chercher les chemins de la rigueur, essayer leurs intuitions, ou laisser rêver les ailes de leurs pensées, … les papillons peuvent voler disait Papy.

Frédérique a disparu en 2005, des suites d’une chute, lors d’une promenade avec Georges. Et Georges a alors vécu plutôt tristement la fin de sa vie, survenue fin 2011.

Merci à Guy Noël pour ses informations et son article La réforme des maths modernes en Belgique, in Mathématique et Pédagogie n°142 (p. 70-88, mai-juin 2003) ; et à Jean-Claude Matthys pour Hommage à Georges Papy, in Losanges n°15 (p. 3-7, 2011).

Photos parues dans Losanges n°15, 2011.
Frédérique Papy (8 décembre 1921, 1 septembre 2005)
Georges Papy (4 novembre 1920, 11 novembre 2011)

 

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