Bulletin Vert no 437
bulletin spécial « Journées Nationales Nice 2000 »
Les jours les plus longs d’un Massaliote
Au IVe siècle avant J.-C., un Massaliote nommé Pythéas passe les Colonnes d’Héraclès (Détroit de Gibraltar) et, après un bras d’honneur aux Carthaginois, à l’époque maîtres des lieux, il met le cap au NORD. Il atteindra le cercle polaire.
La poursuite du soleil à l’Ouest est pourtant bien plus attrayante pour un navigateur.
Pythéas se contente d’un regard vers cet horizon mystérieux, trou sans fond pour les tenants d’un monde plat.
La Terre est ronde et c’est sa preuve qu’il va chercher : avec l’incidence des rayons du soleil, on doit trouver au nord une zone plus froide ; c’est une évidence mathématique pour lui.
La recherche de la preuve, voilà l’inspiration du voyage (l’intuition de la géométrie différentielle est là, le formalisme sera pour plus tard).
On est loin de la « preuve » que la Terre est ronde selon Aristote : il y a des éléphants à l’Ouest (Afrique), à l’Est (Asie) et pas en Méditerranée.
Ses récits du voyage sont tournés en dérision par Strabon ; comment croire un Gaulois qui prétend avoir vu : une mer figée, un soleil qui ne se couche pas et un océan qui va et vient selon le rythme de la Lune. Ah, ces Marseillais !
L’affiche montre cette obstination de la preuve. Les idées contraires à une terre ronde (celles de l’autorité) sont symbolisées par le Trident de Poséidon à l’avant du navire. Devant l’obstination, l’inspiration divine est prise d’un doute ; discrètement, l’autre main sur le safran guide Pythéas.
P.S. Le livre de Pythéas a dû disparaître dans l’incendie de la bibliothèque d’Alexandrie ; il a pu inspirer Érathostène pour la mesure de la Terre.
Marseille fut la première ville au monde à connaître sa latitude exacte.
Les cartes établies par les grecs ont été utilisées jusqu’aux découvertes de Copernic