Lettre au ministre Valérie PÉCRESSE lettre du 5 février 2009

Madame la Ministre,

Nous souhaitons par ce courrier vous faire part de nos inquiétudes quant au projet de recrutement des futurs enseignants, professeurs de collèges, de lycées, ou professeurs des écoles. L’association des professeurs de mathématiques de l’enseignement public suit depuis le début, avec beaucoup d’attention, ce dossier. Les maquettes qui circulaient nous semblaient encore trop floues pour pouvoir prendre position. Mais nous sommes désormais à quelques mois de la mise en place de la réforme et de trop nombreuses questions restent, à ce jour, sans réponse. Nous avons l’impression de revivre les imprécisions, et les défauts de communication qui ont entouré l’élaboration de la réforme des lycées et qui ont conduit au report de cette réforme.

Des critiques sur les IUFM [1] ont constamment accompagné les discussions sur la réforme et bien des propos caricaturaux ont été tenus. Mais on ne peut nier la qualité actuelle de la formation des enseignants, qu’ils soient PLC [2] ou PE [3]. Débuter sa carrière par quelques heures en responsabilité et de nombreux stages de pratique accompagnée, débarrassé du souci du concours, est un acquis qu’il faut préserver à tout prix. Les Ministres successifs de l’Éducation Nationale reconnaissent qu’il est de plus en plus difficile d’enseigner ; il serait donc particulièrement malvenu de « sinistrer » la formation professionnelle des futurs enseignants sous couvert d’économies : il est des priorités sur lesquelles on ne doit pas faire d’économies.

Nous appuyons fortement la demande des universités afin que leur soit octroyé un temps suffisant pour mettre au point les maquettes de masters, ce qui se traduirait par un moratoire d’un an. La qualité des futures formations en dépend. Les points suivants doivent être en particulier précisés : les modalités de stages, la rémunération des étudiants se destinant à l’enseignement, les modes d’intégration dans les universités des actuels formateurs IUFM qui ne sont pas universitaires (les situations d’une université à l’autre sont très diverses), le degré d’homogénéité des maquettes de formation. Nous tenons à ce que l’enjeu prioritaire de la réforme reste la qualité du recrutement et de la formation des maîtres, et que l’accès à la profession d’enseignant ne devienne pas réservé aux étudiants fortunés ! D’autre part, nous refusons que la réforme ou son report soit un prétexte pour une année sans concours.

Nous sommes à votre entière disposition pour vous faire part de nos propositions.

Je vous prie d’agréer, Madame la Ministre, l’expression de mes sentiments respectueux et dévoués à une formation mathématique de qualité.

 

Extrait de la plaquette « Visages 2008 »

2. Recrutement et formation des enseignants

L’APMEP revendique pour tous les enseignants, de la maternelle à l’université, une formation professionnelle initiale et continue de qualité.

a. Le recrutement et la formation initiale des enseignants

L’APMEP rappelle la nécessité impérieuse, pour tout concours de recrutement de professeurs :

  • d’une gestion pluriannuelle du recrutement, afin d’éviter les fâcheux « effets d’accordéon » liés, d’une part aux flux démographiques des élèves et des professeurs, et d’autre part aux contingences budgétaires ;
  • d’une épreuve adéquate permettant d’éviter, autant que faire se peut, le recrutement de candidats qui seraient amenés, soit à renoncer d’eux-mêmes en cours de formation, soit à ne pas voir leur formation validée, ce qui serait
    humainement et économiquement très préjudiciable ;
  • de l’augmentation du nombre de postes mis aux concours, qui doit être suffisante pour assurer la présence d’un enseignant convenablement formé sur chaque poste.

Professeurs des écoles

Pour l’APMEP, tout enseignant de l’école primaire est, entre autres, un professeur de mathématiques. En conséquence, sans avoir en vue de former ni des mathématiciens ni des didacticiens l’APMEP maintient ses demandes :

  • le maintien au concours de recrutement d’une épreuve écrite d’admissibilité portant à la fois sur les contenus disciplinaires et sur la didactique des mathématiques ;
    en effet, il ne suffit pas de maîtriser des contenus disciplinaires pour savoir les enseigner : l’articulation entre les connaissances disciplinaires et leur enseignement nécessite une réflexion qui prend du temps et doit donc être ébauchée avant le concours,
  • le maintien du concours en mai,
    car la préparation au métier d’enseignant nécessite du temps, aussi bien pour l’approche didactique que pour l’homogénéisation de compétences initiales très hétérogènes,
  • la réduction des listes complémentaires au profit des listes principales,
  • la publication systématique et rapide du rapport de jury,
    dans le but d’améliorer l’information des candidats et des formateurs.

Professeurs de lycées et collèges

S’il est certes souhaitable de vérifier chez les futurs PLC et PLP un minimum de connaissances disciplinaires couvrant un domaine assez large, tout en évitant toute spécialisation excessive, il ne faut pas négliger l’acquisition des compétences professionnelles nécessaires à un enseignant de mathématiques, ce qui impose de prendre largement en compte les aspects de préprofessionnalisation en première année, afin que les stagiaires présentent dès leur sortie de l’IUFM un minimum de compétences nécessaire pour prendre en main leurs premières classes.

Enfin l’APMEP rappelle son attachement à une entrée progressive dans le métier.

Elle demande donc :

  • une meilleure adéquation entre les exigences des concours et celles de la réalité de l’enseignement au collège et au lycée,
  • une entrée progressive dans le métier, un horaire substantiellement réduit l’année suivant la titularisation, avec un vrai complément de formation,
  • le rétablissement aux concours des listes complémentaires, destinées à compenser les démissions éventuelles.

L’APMEP juge indispensable que le recrutement des enseignants de mathématiques prévoie une formation sur les contenus mathématiques et sur la didactique des mathématiques. En l’état actuel, le CAPES mention complémentaire mathématiques ne prévoit pas de formation portant sur l’acquisition des compétences professionnelles nécessaires spécifiques à un enseignant de mathématiques.

C’est pourquoi l’APMEP demande la suppression de ce CAPES mention complémentaire tel qu’il est présenté par le texte du 20 août 2005.

Avec le collectif ActionSciences, l’APMEP réclame un dispositif de pré-recrutement d’enseignants de type IPES.

 

Notes

[1IUFM : Institut universitaire de formation des maîtres

[2PLC : Professeurs de lycées et collèges

[3PE : Professeurs des écoles

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