Lettre au président de la République
Après avoir envoyé des courriers aux candidats à la présidence de la République, le collectif ActionSciences a demandé à être reçu par le Président de la République, le ministre de l’Éducation nationale et la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche.
Paris, le 8 juin 2007
A Monsieur Nicolas SARKOZY
Président de la République
Objet : Demande de rendez-vous du Collectif Action Sciences à propos des filières scientifiques
Monsieur le Président,
Le collectif Action Sciences regroupe 14 sociétés savantes et associations de spécialistes en mathématiques, physique chimie et sciences de la vie et de la Terre. Il s’est constitué il y a quelques années, quand la chute des effectifs dans certaines filières scientifiques a commencé à se faire sentir sérieusement.
Le collectif a publié une motion pour alerter les candidats à la présidentielle sur la section scientifique et sur la baisse sensible du niveau des connaissances mathématiques préjudiciable à l’ensemble des formations scientifiques. Nous insistons sur l’importance de ce texte dont vous avez été destinataire (et que vous retrouverez ci-joint).
Une délégation du collectif souhaiterait pouvoir aborder avec vous les points qui nous paraissent particulièrement importants, pour envisager des solutions concrètes.
L’échec en premier cycle universitaire scientifique. Essentiellement dû à une profonde démotivation des étudiants. Une première mesure pour y remédier et attirer les jeunes vers les métiers de l’enseignement serait de rétablir les IPES. Vous l’aviez d’ailleurs proposé dans votre discours du 2 février à Maisons-Alfort. Nous sommes très favorables à cette mesure qui changerait l’état d’esprit et les conditions de l’enseignement, et nous sommes prêts à participer à sa mise en place.
Le temps d’enseignement dans le secondaire. Pour tenter de remotiver les élèves, le système a mis en place des dispositifs variés (IDD, thèmes de convergence, TPE …) dont les durées de vie sont courtes, qui ne sont pas sérieusement évalués et provoquent une dispersion des enseignements.
Au collège, la mise en place du socle commun va demander une gestion difficile entre ce socle et les programmes.
Au lycée, la généralisation souhaitable de l’emploi des TICE dans toutes les sections se met en place. Il est indispensable d’avoir du temps pour les intégrer dans les pratiques de classe, surtout dans une voie scientifique et des demi-groupes (par exemple en STG).
Quels que soient le lieu et le niveau où ils enseignent, les professeurs ont la sensation d’une abondance de mesures qui se succèdent, sans réflexion, sans préparation, sans concertation et sans évaluation. Ils ressentent un accroissement des tâches à accomplir avec des horaires d’enseignement qui continuent à se réduire pour les élèves. Nous ressentons très fortement chez nos collègues un découragement profond. La suppression des heures de première chaire dans les classes les plus lourdes du lycée ont encore accru ce sentiment d’abandon et de surcharge, en contradiction avec le dispositif des heures supplémentaires.
Les réformes en cours et à venir. Les nouveaux programmes de collège finiront de se mettre en place en 2008. Une réflexion autour d’une réorganisation de la classe de seconde commence à s’amorcer. Depuis plusieurs années, une option de détermination appelée « option sciences » est expérimentée dans une quarantaine d’établissements de l’académie de Montpellier. Destinée à la découverte d’un enseignement scientifique qui mutualise les sciences expérimentales et les mathématiques, elle rencontre un réel succès auprès des élèves et plus particulièrement des filles. Nous n’en avons que des échos positifs, et elle nous semble être un outil très intéressant de promotion de l’enseignement scientifique. Il n’existe pas en effet d’option de détermination en classe de seconde qui présente aux élèves ce que « faire des sciences » signifie. Cette option regroupe les trois disciplines, mathématiques, sciences physiques, et sciences de la vie et de la Terre, en un bloc horaire de trois heures consécutives.
La section S, trop généraliste, reste de ce fait la seule voie d’excellence du lycée. Le pas à franchir entre la classe de seconde et la classe de première S est trop important. La réflexion sur la classe de seconde devra impérativement trouver une réponse à ce problème et l’option sciences en constitue déjà une. Il est également légitime de réfléchir à une deuxième question : faut-il donner le même enseignement de mathématiques à tous les élèves de section S ?
En espérant vivement que vous pourrez répondre favorablement à notre demande de rendez-vous, je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, notre très respectueuse considération.
Marie-Françoise ROY présidente de la SMF
pour le collectif Action Sciences
Un courrier analogue à été envoyé au ministre de l’Éducation nationale.