Participation aux Journées 2007 de l’ATSM Monastir 27-30 décembre 2007
J’ai participé à ces Journées Nationales en tant que représentant de l’APMEP : l’ATSM et l’APMEP entretiennent en effet des relations régulières, et chacune envoie un ou plusieurs représentants aux Journées nationales de l’autre.
J’avais par ailleurs organisé en septembre 2007 à l’IUFM de Grenoble une école d’été à l’intention d’une quinzaine de membres de l’ATSM : ces journées à Monastir se présentaient aussi comme un prolongement du travail fait à Grenoble.
Par son soutien logistique et financier, le service culturel de l’ambassade de France à Tunis joue un rôle clé pour installer ces échanges dans une durée qui permette un vrai partage de savoir-faire pédagogique ; cela est d’autant plus important à souligner qu’il y va de la place de la France et de la francophonie dans un pays qui a tissé des liens étroits avec celles-ci et dont l’histoire est indissolublement liée à la nôtre : la puissance commerciale de pays anglo-saxons ou asiatiques a son volet culturel auquel il serait politiquement coupable de laisser le champ libre.
1. Le thème annoncé pour ces Journées était : « L’évaluation : problématique didactique et pédagogique ».
La préoccupation n’est pas nouvelle, mais l’attention que portent de nombreux pays et organismes internationaux sur l’efficacité du système éducatif et sur son adéquation avec les objectifs de développement à long terme explique le choix fait par l’ATSM. Il importait aussi que les participants puissent connaître et comprendre diverses évaluations internationales (telles PISA, menée dans le cadre de l’OCDE, et à laquelle la Tunisie est associée) et discuter de leur pertinence. Par ailleurs, des changements dans les modalités d’organisation de l’épreuve du baccalauréat (tels l’introduction de QCM, souvent évoqués durant les Journées) inquiètent les professeurs : ils semblent peu préparés, voire peu informés, de ces changements qui vont pourtant déjà concerner la session 2008.
Conférences et ateliers étaient donc centrés sur ce thème. J’ai pour ma part abordé le thème des journées sous l’angle particulier d’un nouvel objet d’enseignement (les graphes) et de son évaluation terminale au niveau du baccalauréat.
2. Les ateliers que j’ai animés
Atelier 1. Les graphes : quelle activité mathématique spécifique ? Pour quels types de problèmes ?
L’objectif était de proposer une approche de ce nouvel objet d’étude proposé aux élèves des sections économie et informatique du secondaire. A la demande de la cinquantaine de participants à cet atelier, dont la majorité se disaient néophytes en matière de graphe, j’ai proposé quelques problèmes classiques et présenté quelques concepts de base.
Le principal obstacle observé concerne la difficulté des professeurs à concevoir un enseignement basé sur la résolution de problèmes, où certains concepts sont abordés intuitivement, sans définition formelle préalable (celle-ci existant bien sûr, mais trop coûteuse intellectuellement à ce niveau d’enseignement).
Atelier 2. Les graphes : exemples d’évaluation terminale
Cet atelier s’est appuyé sur quatre sujets récents proposés au baccalauréat français en série ES (spécialité mathématiques). Le passage à la résolution pratique et complète d’exercices sur les graphes a été particulièrement apprécié des participants ; certains, qui attendent pour traiter les graphes dans leur classe, ont été rassurés par l’ambition relativement modeste de ce type d’exercices. Ce fut aussi l’occasion d’insister sur la « modestie » que doivent garder les sujets de baccalauréat : ce n’est pas le lieu pour proposer des modélisations délicates ou des pièges de calcul.
3. Les conférences et autres ateliers de ces journées
Deux des trois conférences ont traité explicitement du thème de l’évaluation : l’une (« De l’évaluation dans la classe aux évaluations internationales » prononcée par Antoine Bodin, expert en évaluation, membre de l’APMEP, initiateur d’EVAPM ; l’autre (« L’évaluation : pour qui ? pour quoi ? ») prononcée par Mahdi Abdeljaouad. Le caractère généraliste de ces conférences semblait parfaitement adapté aux attentes du public présent : les éventuelles implications pour la pratique quotidienne dans la classe ont été repérées avec réalisme (en particulier par Mahdi Abdeljaouad). On peut néanmoins s’interroger sur l’avenir de certaines réformes en cours : impulsées par des organismes experts internationaux, elles échappent aux professeurs / acteurs du terrain, qui semblent plus les subir que les soutenir ! La table-ronde sur « quels changements dans les procédés d’évaluation ? » témoigne de cet état de fait.
Quant aux ateliers (il en était proposé 18), un quart environ portait sur le thème de l’évaluation ; les autres développaient des points pédagogiques ou mathématiques en relation avec les programmes d’enseignement.
La diversité des sujets abordés témoigne de la vitalité de l’Association Tunisienne des Sciences Mathématiques.
4. Je voudrais souligner, comme l’année dernière, l’accueil particulièrement attentif et chaleureux des organisateurs. Habituellement, ces journées ont lieu la troisième semaine de décembre. Pour respecter la fête de l’Aïd du 21 décembre elles ont eu lieu cette année une semaine plus tard. A cause de la proximité du nouvel an et surtout de la rentrée scolaire les participants étaient moins nombreux que l’année précédente, ils étaient cependant environ 140 et accompagnés de 150 à 200 personnes dont beaucoup d’enfants.
5. Les prochaines journées de l’ATSM devraient avoir lieu à Tozeur en décembre 2008 ; l’un des thèmes possibles serait : "place et utilisation des manuels d’enseignement".
Fait à Grenoble le 8 janvier 2008
André Laur
ATSM : Association Tunisienne des Sciences Mathématiques