Questions-réponses PLOT n° 31

Évaluer ce que les élèves ont retenu de
nos cours et plus particulièrement de ce
que nous leur avons fait noter dans le
cahier de leçons ne m’a jamais semblé
très simple. Il y a les évaluations rapides
du cours stricto sensu : demander aux
élèves de réciter les définitions, propriétés
ou théorèmes notés et signalés comme
devant être appris par cœur. Ce type
d’évaluation permet de dire « untel ne sait
pas ses leçons » s’il n’est pas capable de
les réciter mais cela ne signifie pas qu’il
ne les a pas comprises car sur des exercices
d’application, le même élève peut
très bien réussir ! Cela permet de repérer
ceux qui ont fait l’effort d’apprendre mais
qui, faute d’avoir compris le fond, restituent
une bouillie décourageante ; parmi
ceux qui répondent sans faute, il y a ceux
dotés d’une excellente mémoire mais pas
forcément d’une bonne compréhension
des notions en jeu. Bref, au fil des années,
le seul avantage que je trouve à ce type
d’évaluation est d’obliger les élèves à
apprendre par cœur, faire travailler la
mémoire n’étant pas à rejeter.

Tester la leçon peut se faire bien sûr à
l’aide de QCM, de demandes d’exemples
ou de contre-exemples illustrant telle ou
telle notion mais en cas de mauvaise note,
peut-on dire « l’élève n’a pas appris sa
leçon ? ». Je me souviens d’une maman
désespérée : la veille de l’évaluation, elle
avait fait réciter à son fils toute la leçon, il
était capable de la réciter ; mais voilà, lors
de l’évaluation, les réponses au QCM et
demande d’exemples se sont avérées
catastrophiques et ma question « as-tu
appris ta leçon ? » a été très mal prise ! Il
y a aussi la possibilité d’interroger oralement
un élève : il est au tableau et doit
répondre à vos questions… difficile pour
lui d’être à l’aise sans compter le peu de
concentration de la part du reste de la
classe attendant souvent que « ça » passe.
Finalement j’ai fini par alterner les procédés
sans être bien convaincue de ce que
j’évaluais exactement ni sur les bénéfices
qu’en retiraient mes élèves.
C’est en temps que professeure principale
au cours d’un bilan de fin d’année que j’ai
pris connaissance d’une pratique mise en
place au sein du cours de français particulièrement
appréciée des élèves concernant
l’apprentissage des leçons ; j’ai choisi de
la mettre en œuvre à la rentrée 2009 et
d’en faire un compte rendu pour PLOT.

Principe

A la fin de chaque heure de cours, un
élève A se porte volontaire pour préparer
cinq questions sur la leçon. Au cours suivant,
un élève B est désigné : il passe au
tableau et doit répondre aux questions
posées par A. Lorsque B répond, A doit
être capable de valider ou non la réponse.
Chaque élève est noté sur 5 points maximum
(1 point par question/réponse correcte).

Mise en place

Je demande que les questions soient
écrites sur une copie, les réponses attendues
aussi. Cela me permet de garder une
trace écrite, de reformuler avec l’élève
certaines questions et de corriger les
fautes de français ! Cela me permet d’attribuer
la note calmement d’ici le cours
suivant sans problème de mémoire ! J’ai
choisi de garder les copies pour l’instant,
je pense les restituer à la fin du trimestre.
Je désigne l’élève B grâce à la touche random
de la calculatrice… les élèves ont
tous découvert cette touche de leur calculatrice
et restent médusés ! Cela me
dédouane des « pourquoi moi ? » : le
hasard ne se discute pas, les choix du prof
si !

Intérêts

L’élève qui a la charge des questions a
vraiment ouvert son cahier de leçons et a
dû repérer ce qui doit être su. J’ai remarqué
plus de questions du type « ça,
m’dam, faut le savoir par Cœur ? ». En
classe de 5ème, nous avions écrit quatre
conventions concernant les priorités opératoires,
numérotées de 1 à 4. La
question « récite-moi la convention
n°1
 » n’étant pas admise, cela oblige
vraiment l’élève à comprendre la
convention pour poser sa question.
Nous avons défini ensemble ce qui
était admis ou non ; lors des premiers
cours, des élèves ont oralement formulé
des questions pour exemple.
Les élèves se sont autorisé des questions
utilisant le tableau, le matériel disponible
dans la classe et beaucoup sont du coup
plus attentifs à ce que je leur demande en
cours. Lors de la leçon sur les prismes, les
élèves m’ont demandé à disposer des
nombreux emballages que j’avais apportés
pour pouvoir demander à leur tour
« montre-moi les arêtes latérales, les sommets
etc.
 ». Les élèves aiment bien dans
l’ensemble jouer au prof et nous sommes
le modèle à imiter !
L’élève interrogé doit bien sûr avoir
appris sa leçon pour répondre aux questions
mais son attention en classe est souvent
nécessaire car il y a toujours des
questions sur des points traités en classe,
en lien avec la leçon mais pas forcément
notés… Exemple : « l’emballage du
Toblerone, c’est quoi comme solide ? »

Je me suis demandé si être interrogé par
un de ses pairs pouvait créer des problèmes
entre les élèves : je n’ai rien perçu
de tel. Je pense que l’élève A est sollicité dans la cour par d’autres pour transmettre
ses questions mais si cela les incite à
apprendre leur cours, alors pourquoi pas !
Il y a bien sûr des questions mal posées
auxquelles j’aurais moi-même bien du
mal à répondre… Pour l’élève A, voir que
l’élève B ne comprend pas la question
posée est intéressant. Ce n’est pas le prof
qui lui en veut mais bien lui qui doit se
corriger. Je le fais reformuler et nous
finissons toujours par avoir une question
que l’élève note sur sa copie. Lorsque
l’élève B ne sait pas répondre à une question,
j’incite l’élève A à reformuler sa
question, à donner une piste… ce n’est
pas simple mais le travail est intéressant à
mener. Il est fréquent que des élèves de la
classe interviennent pour ajouter leur
grain de sel. Bien sûr, les plus angoissés
viennent me montrer leurs questions
avant l’heure H afin que je les rassure ;
cela permet aussi d’en éliminer d’office et
de suggérer une partie du cours à explorer.
Enfin, cette façon d’évaluer privilégie
l’oral : l’élève B est au tableau et doit
répondre oralement aux questions posées.
Il est face à la classe et doit gérer sa timidité,
ses angoisses de ne pas savoir répondre
ou de répondre
faux. Celui qui pose
les questions doit articuler,
parler suffisamment
fort et se concentrer
pour écouter les
réponses fournies afin de les corriger.
Ceci prend environ 5/10 minutes par
séance, permet à tous de se concentrer en
début de cours sur la leçon, à ceux qui
auraient manqué un cours de se mettre à
jour… Tous ont le droit d’avoir leur
cahier ouvert et ils sont nombreux à relire
la définition, la propriété demandée par
l’élève A, souvent fiers de l’avoir repérée
dans leur cahier ; j’ai également vu à plusieurs
reprises des élèves ouvrir leur
cahier de leçons devant une difficulté
dans un exercice…
Lorsque je demande un élève volontaire
pour poser les questions, je n’ai aucun
mal à voir des mains se lever ; les élèves
ont vite réalisé que c’était l’occasion d’assurer
une bonne note et je pense que beaucoup
sont contents d’être poussés à
apprendre leur leçon, sous cette forme.
Sur mon carnet de notes, j’utilise deux
couleurs différentes pour désigner les
élèves A et B, l’idée étant qu’en fin de trimestre,
tous aient une note dans les deux
situations. Cette note comptera dans la
moyenne avec un coefficient moindre que
celui des contrôles.

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