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Séances d’aide individualisée ‘‘français – mathématiques’’ au lycée Jean Monnet de Strasbourg

Par Jean-Pierre Richeton
en collaboration avec Dominique Maillard

L’idée de telles séances nous est venue tout naturellement, à ma collègue de français Dominique Maillard et moi-même, lors de la préparation de la réunion parents – professeurs de fin octobre 1999.
Notre classe de seconde est une classe faible ayant d’énormes difficultés et lacunes pour tout ce qui est expression orale et écrite. C’est une classe avec un fort pourcentage d’élèves de culture étrangère (maghrébine, turque, …) mais une classe au demeurant sympathique, ce qui nous fait supporter le manque ‘‘quasi institué’’ de travail d’une séance à l’autre de la plupart des élèves… certes les devoirs à faire à la maison sont en général rendus, mais pour ce qui est d’apprendre et d’assimiler des connaissances, seule une minorité d’entre-eux s’en acquittent vraiment. C’est vrai aussi qu’il est souvent agréable d’enseigner dans cette classe, mais mon rôle d’enseignant n’a plus grand chose à voir avec celui de mes débuts de carrière : à chaque début de cours, il me faut faire le répétiteur de ce qui a été vu la fois précédente, parfois la veille, et qui n’évoque déjà que de vagues souvenirs à la plupart… sinon, en effet, à quoi bon poursuivre, ce serait bâtir sur du sable… C’est ainsi, et je crois, hélas, que bon nombre de mes collègues lecteurs doivent reconnaître leur classe dans cette description.

Nous avons consacré une séance préliminaire aux problèmes d’expression et de traduction de consignes (cf. annexe 1 avec en gras des éléments de réponses). Les réponses erronées relevées ce jour là nous ont de suite confortés dans l’utilité de notre démarche et incités à aller un peu plus loin en faisant travailler nos élèves sur la compréhension et l’argumentation à partir de poèmes extraits d’Euclidiennes de Guillevic . Cela nous a pris 3 séances dont voici le compte rendu détaillé.

  • AI fr.math-cpte rendu
  • AI fr.math- bilan
  • AI fr.math A1-1ère séance
  • AI fr.math A2-poèmes de Guillevic
  • AI fr-math A3-aides

Conclusion :

L’expérience ainsi menée nous a paru assez concluante dans la mesure où elle a suscité un vif intérêt de la part d’élèves intrigués par le rapprochement de deux matières qu’ils pensaient jusque là incompatibles. Outre une meilleure compréhension des deux types de raisonnement pratiqués lors de ces séances, c’est un travail essentiel pour la lecture qui a pu être conduit. Cette séquence leur a ainsi offert une occasion supplémentaire de prendre conscience que la lecture - que ce soit des textes littéraires ou des consignes en mathématiques - relevait d’une même démarche rigoureuse et attentive au moindre détail. En effet, la forme même de l’énigme que présente chaque poème proposé sans leur titre encourage les élèves dans leur lecture ; ils éprouvent moins de réticence à rechercher de façon ludique le sens ou les sens possibles d’un texte. Mais comprendre le sens des mots ou une partie du poème - le travail sur la langue s’est avéré nécessaire dans un premier temps - ne suffisait pas. Ils ont vite compris que la recherche les obligeait à prendre en compte l’ensemble du poème comme discours, unité de sens puisqu’ils devaient mettre en relation toutes les composantes du texte afin de trouver la figure évoquée dans le poème. Cette expérience de lecture a ainsi pu être prolongée en Français par une étude de textes dans lesquels les figures de l’allégorie et de l’ironie, parfois si difficiles à reconnaître pour ces élèves, a pu être abordée. Enfin ces séances ont favorisé une participation et une interlocution remarquables, plus difficiles à obtenir habituellement lors d’une explication en classe.

Si l’on rajoute les nombreuses notions mathématiques, dont certaines non au programme de seconde - comme la notion de tangente à une courbe par exemple – qui ont ainsi pu être abordées de façon décontextualisée sous un aspect qui leur donnait du sens, ces séances se sont donc révélées d’une très grande richesse et souvent bien au-delà de ce que l’on avait pu envisager a priori.

On peut toutefois regretter - comme les élèves dans l’ensemble l’ont d’ailleurs exprimé - la durée trop limitée d’une telle expérience qui aurait pu, si les conditions l’avaient permis, se prolonger par un passage à l’écriture de courts textes, poèmes sur le modèle de ceux qui avaient été étudiés.

Il reste également que ce type d’initiative à deux professeurs devant une classe n’est pas encore entrée dans les « mœurs pédagogiques », l’institution ne lui accordant pas la reconnaissance qu’il convient. Deux professeurs devant une classe pendant une heure se traduit pour l’instant par ½ heure rétribuée pour chacun malgré l’investissement que cela peut représenter. L’interdisciplinarité a un prix et il faudra bien que cela soit reconnu sous peine de décourager leurs initiateurs.

 

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