Un poème ou une bande dessinée. Article de PLOT n° 38
Voici un témoignage paru dans la revue de la régionale Île-de-France « Chantiers de pédagogie mathématique » en décembre 2004.
Françoise Caron est
professeure retraitée,
membre actif de la
Régionale Île-de-
France de l’APMEP.
En sixième, pourquoi ne pas commencer par un poème !?
MATHÉMATIQUES
Quarante enfants dans une salle,
Un tableau noir et son triangle,
Un grand cercle hésitant et sourd
Son centre bat comme un tambour.
Des lettres sans mots ni patrie
Dans une attente endolorie.
Le parapet dur du trapèze,
Une voix s’élève et s’apaise
Et le problème furieux
Se tortille et se mord la queue.
La mâchoire d’un angle s’ouvre.
Est-ce une chienne ? Est-ce une louve ?
Et tous les chiffres de la terre,
Tous ces insectes qui défont
Et qui refont leur fourmilière
Sous les yeux fixes des garçons.
J’ai souvent accueilli les élèves de 6ème
par ce poème de Jules Supervielle. Je l’affichais
au tableau, calligraphié à la main,
je le lisais, du mieux que je pouvais. Puis,
selon mon humeur, dans un ordre qui
variait chaque année, je leur demandais :
de le recopier soigneusement sur une
feuille que je leur donnais, cette feuille
devant être collée à la première page du
cahier qu’ils n’avaient pas encore,
de l’illustrer, la feuille sera également
collée dans le cahier,
de repérer les mots mathématiques
qu’ils connaissaient.
Enfin venait le temps des échanges sur ce
qu’ils avaient fait, ce qu’ils avaient compris.
Cette heure m’apprenait beaucoup
sur le devenir de la classe :
agitée ou attentive,
passive ou active.
Elle me permettait également de repérer
les difficultés de certains, lecture, écriture,
concentration, mais aussi les poètes,
les scolaires, ceux qui aimaient les maths,
ceux qui les aimaient moins.
Essayez et vous recommencerez.
Vous serez peut-être tenté de leur donner
le poème photocopié. Ce serait dommage,
vous perdriez beaucoup sur la connaissance
des élèves et de la classe.
J’avais trouvé ce poème dans la brochure
n° 21, supplément du Bulletin vert n° 310.
Voici d’autre part la BD avec laquelle je commençais l’année en 1ère S.
Je la distribuais aux élèves, sans commentaires.
J’attendais ensuite leurs réactions.
Mon but était, comme en 6ème avec le poème, de tester la classe pour voir comment j’allais
pouvoir y travailler.
Cette BD a été
publiée dans le chapitre
« Polynômes et
second degré » du
manuel « Terracher »
dans les années quatre-
vingts.
Dans le même esprit en TS je donnais à résoudre l’équation $8x^3 - 6x - 1 = 0.$
NDLR : nous publierons dans un prochain numéro de PLOT un article tiré de nos tiroirs
(BV n°362 de février 1988) autour de cette équation de degré 3.