Une nouvelle seconde ?... En 2009 ? Editorial du BGV 143
Les médias semblent ces derniers temps remettre en cause l’adjectif « nouvelle » disant qu’en fait la nouvelle seconde devrait beaucoup ressembler à la classe de seconde actuelle. La structure de cette classe commence à prendre forme. Nous y voyons enfin un peu plus clair, même si des interrogations persistent.
Personnellement, je ne partage pas l’avis des médias. Les changements sont là, et importants. Bien sûr, nous conservons le groupe classe pour les enseignements généraux ; c’est une exigence que nous avions présentée. Nous avons craint un moment que l’année ne soit découpée en deux semestres distincts avec changement d’enseignant et de groupe d’élèves en milieu d’année. Mais la nouveauté se situe dans les modules d’exploration ou d’approfondissement. Les élèves devront choisir deux modules par semestre parmi quatre dominantes. Sur le site du ministère sont donnés trois exemples « concrets » (http://www.education.gouv.fr/cid22779/reforme-lycee.html) :
l’élève approfondit au second semestre les deux modules choisis au premier semestre,
l’élève approfondit au second semestre l’un des deux modules choisis au premier semestre,
l’élève choisit deux modules différents par semestre.
Dans le courrier que nous venons d’envoyer à Xavier Darcos, nous avons dénoncé la troisième formule. Nous pensons que cela va encourager le zapping de nos élèves. En revanche, nous avons demandé de laisser la possibilité à un élève qui a déjà un choix d’orientation assez précis de ne choisir qu’une seule dominante.
Pour les modules d’approfondissement ou d’exploration, ce sont les élèves (ou leurs parents) qui vont devoir choisir. Comment les convaincre de l’intérêt des modules de maths ? Ces modules ne doivent pas comporter de nouvel apport disciplinaire, afin de laisser aux élèves qui ne les auraient pas suivis la possibilité de continuer dans la dominante scientifique au cycle terminal. C’est pourquoi nous demandons que le tronc commun contienne suffisamment de mathématiques pour que, d’une part l’élève puisse poursuivre sa scolarité dans tout type d’études, d’autre part dispose des outils mathématiques de base utiles à tout citoyen. Nous espérons, grâce à cette réforme, pouvoir mettre enfin en application ce qu’Henri Bareil écrivait dans un éditorial du Bulletin Vert de juin 1974 : « tout est encore à faire : enseignants de mathématiques, nous affirmons que l’essentiel est le développement de l’activité de l’élève, de son esprit de créativité et de recherche ; les aptitudes importent plus qu’une accumulation mal maîtrisée de connaissances »… Jacques Moisan semble partager cette volonté. Mais nous tombons dans une autre contrainte : le temps. Les programmes seront écrits au mois de décembre pour être mis à la consultation du Conseil Supérieur de l’Education au plus tard en février.
Le bureau de l’APMEP a commencé à réfléchir aux contenus possibles de ces modules. Nous avons tous testé dans nos classes des problèmes ouverts qui marchent bien : problèmes sur les nombres premiers, problèmes d’optimisation, de dénombrements, de constructions de solides… Nous sommes souvent frustrés de ne pouvoir, par manque de temps, prolonger les recherches, tant sont riches les idées de nos élèves. Des cycles de trois heures conviendraient particulièrement bien à ce type de travaux. Nos idées ne manquent pas, nous allons les mettre en avant auprès de l’inspection générale et du ministère !
Il ne faut pas non plus négliger les trois heures d’accompagnement obligatoire pour tous les élèves. Pour certains, elles prendront la forme de soutien, mais pour d’autres, ce pourra être des travaux interdisciplinaires, à nous donc de proposer dans nos établissements l’option sciences.
Enfin voici ce qu’écrit le Comité sur l’Enseignement des Sciences de l’Académie des Sciences : « la formule des Modules, admissible pour les disciplines expérimentales, renferme un danger pour la cohérence des enseignements de Mathématiques. Pour que celles-ci jouent leur rôle pour unifier et rassembler des notions appartenant à différents domaines, il est nécessaire que les services des enseignants soient organisés de façon qu’un élève ait un seul professeur de mathématiques. »
Ne nous voilons pas la face, ce ne sera pas facile. Les contraintes matérielles seront fortes. Il faudra en particulier créer les conditions d’adéquation élèves ↔ professeurs. Nos chefs d’établissement voudront-ils ou pourront-ils jouer le jeu de l’offre et de la demande ?