1 les rencontres du bureau national aux Journées nationales de Clermont-Ferrand
Le bureau a rencontré jeudi des représentants de l’ADIREM, l’ARDM, ANIMATH, la CFEM, le CSIREM, Femmes et Maths, l’IG, l’INRP, la SMF, le SGEN, et le SNES
La discussion a été riche et intéressante. Voici l’essentiel des points abordés :
L’orientation vers des études scientifiques
La SMF prépare avec l’ONISEP une brochure sur les métiers des mathématiques, pour convaincre les élèves et le milieu enseignant de l’intérêt d’études supérieures en mathématiques. Un article dans Phosphore appuiera cette initiative. L’APMEP s’associera à la diffusion de cette brochure.
Au lycée, la part de la série S reste à peu près stable depuis 10 ans, mais la spécialité mathématiques s’effondre au profit de la spécialité physique, ce qui n’empêche pas une désaffection préoccupante des études supérieures de physique.
Les scientifiques de tous horizons reconnaissent que la place des mathématiques dans le cursus secondaire a trop régressé. Ainsi, le collectif Action Sciences va rencontrer les candidats à l’élection présidentielle pour plaider la cause d’une refonte de la série S en section vraiment scientifique avec un horaire de mathématiques revalorisé ainsi que du pré recrutement des enseignants.
L’option sciences en seconde doit être évaluée avec impartialité : elle semble être un outil intéressant pour conforter les élèves de seconde dans un projet d’études scientifiques, en particulier les filles.
Le représentant du SNES défend la position de son syndicat qui refuse qu’elle devienne une option de détermination, au nom de « l’équilibre entre les disciplines », en fait parce qu’elle empiéterait sur les autres options : MPI, domaine des professeurs de physique (c’est la raison de l’opposition à ce projet de l’Inspection Générale de physique, et de la neutralité de l’Inspection Générale de maths), et SES, domaine des professeurs d’économie. Le SNES est, comme le ministère, très préoccupé par l’avenir de la section L qui régresse.
Nous expliquons que cette baisse est la conséquence inéluctable de la diversification de l’orientation des filles, qui constituent 85% des effectifs de cette série, et qu’il faut donc s’en réjouir !
Le représentant du SGEN craint lui aussi de « tuer l’économie » en seconde, et voit dans l’option sciences un outil de sélection élitiste. Nous expliquons qu’elle est au contraire un outil de démocratisation de l’enseignement des sciences, parce qu’elle est facile à mettre en place et réclame peu de moyens, contrairement à l’option MPI qui réclame à la fois un équipement conséquent et beaucoup d’heures de physique : elle peut ainsi permettre d’offrir une option scientifique dans des lycées modestes qui n’en ont pas actuellement les moyens ; elle peut constituer aussi un outil pour retenir de bons élèves dans des lycées qu’ils fuiraient sans cela.
Nous affirmons que la défense de divers corporatismes ne doit pas se faire à l’encontre de l’intérêt général.
Jacques Moisan pense que l’option sciences ne pourra être généralisée que dans le cadre d’une refonte complète de la classe de seconde. Il est question aussi de réorganiser les filières du lycée : l’idée circule au ministère de rendre la série L plus généraliste et même, de créer une série unique en première et terminale, seulement colorée de quelques options (que d’économies en perspective !).
Quant à l’augmentation de l’horaire de maths en série S, il lui semble illusoire de l’espérer en dehors d’une refonte complète de la série, sous forme d’une série plus spécialisée en sciences, avec le risque qu’il est prêt à assumer de voir s’évaporer de bons élèves qui ne cherchent en S qu’une série d’excellence. L’inspection générale travaille cette année à un rapport sur la série S à paraître prochainement, avec l’espoir de faire évoluer la situation.
Le socle commun
Nous jugeons le socle commun beaucoup trop ambitieux et tout à fait irréaliste en mathématiques. Jacques Moisan le défend, pour lutter contre l’idée de « SMIC culturel », de « programme au rabais ». Il remarque que dans les pays où a été institué un tel socle, il a remplacé les programmes, un socle au rabais serait donc un danger pour l’avenir ! Une commission a été mise en place pour décliner selon les différents niveaux les étapes de l’apprentissage du socle.
Des réunions inter académiques vont avoir lieu sur cette question, et les niveaux d’exigences seront précisés, avec des exemples d’exercices relevant du socle. Elles resteront modestes.
Le représentant du SGEN s’inquiète de l’influence politique importante des groupes réactionnaires « SOS Education », « sauvons les maths », et autres. Ils ont l’oreille du ministère et c’est à leur intervention qu’on doit l’inscription au socle des termes « identités remarquables, règle de trois, étude du cône ». Cette description en terme de contenus sème la confusion, quand il faudrait insister sur le développement de compétences générales.
La situation des IREM
Gilles Damamme explique les effets dévastateurs de la LOLF sur le financement des activités des IREM : les frais de déplacement des réunions nationales ne sont plus financés, et le séminaire annuel de la COPIRELEM a dû être annulé cette année. Jean-Pierre Raoult, président du Comité Scientifique des IREM, insiste sur la nécessaire coordination à l’échelon local des actions des divers partenaires : APMEP, IPR, IREM et IUFM, en privilégiant quelques axes de travail prioritaire. René Cory plaide aussi pour l’union et la mise en commun des énergies.
Rencontre avec l’UDP
Nous discutons d’abord de l’option sciences : d’abord réticente, l’UDP est maintenant favorable à la généralisation de l’option sciences : les chiffres montrent qu’elle empiète peu sur l’option MPI qui n’a baissé que de 5% dans l’académie de Montpellier, et qu’elle conduit davantage d’élèves vers la section S, confortant en particulier les filles dans ce projet.
Nous parlons ensuite de l’épreuve de Travaux Pratiques au bac, et des difficultés qu’elle soulève en physique : c’est un gros travail d’organisation qui mobilise toutes les ressources du lycée, personnel de laboratoire et professeurs. Un point soulevé est l’équité envers les candidats, difficile à établir : certains sujets sont en effet nettement plus difficiles que d’autres, et des élèves brillants ont parfois des résultats moindres que d’autres plus médiocres.
L’effet sur les résultats du bac S en physique est certain (environ 3 points sur 4 de moyenne nationale à l’épreuve pratique).
Rencontre avec Jacques Moisan (doyen de l’Inspection générale de mathématiques)
Projet de création d’une épreuve pratique de mathématiques au bac S.
Elle vise deux objectifs : généraliser l’usage des TICE dans l’enseignement des mathématiques et renforcer l’attractivité de la spécialité maths qui baisse de façon inquiétante.
Les modalités prévues sont les suivantes : les élèves plancheront pendant une heure par groupes de 4, tous 4 sur un même sujet, pour faciliter la tâche de l’examinateur. Une banque d’exercices d’au moins une centaine, si possible de 200 situations sera constituée et on choisira chaque année, deux mois avant l’examen une cinquantaine de sujets pour la session à venir. Les professeurs de chaque lycée en sélectionneront de 5 à 10, suivant le nombre de candidats, en tenant compte des ressources de leur établissement et tous les enseignants de mathématiques du lycée seront mis à contribution. Les élèves tireront au sort parmi les sujets choisis. Pour les élèves de spécialité maths, le quart des sujets parmi ceux où ils puiseront portera sur le programme de spécialité.
Chaque sujet sera accompagné de 4 documents : une fiche descriptive sommaire de la situation, qui sera rendue publique, une fiche élève, une fiche professeur et une fiche détaillée d’évaluation. La passation devra être interactive, avec des interventions obligées du correcteur pour valider telle ou telle étape, et éventuellement des coups de pouce pour aider le candidat, qui pourront être « gratuits » ou « payants », en terme de notation.
Le dispositif est expérimenté dans un panel de 18 établissements de situations variées, répartis dans 8 académies. Les passations auront lieu en janvier sur un programme adapté à la date de l’épreuve, et incluant le programme de première S. Toutes les classes de l’établissement passeront l’épreuve de façon à tester sa faisabilité. Pour l’expérimentation, ont été créés 28 sujets dont le descriptif sera publié avant Noël.
Beaucoup des propositions de sujets produites dans les académies ont été jugées trop longues ou trop difficiles. Il n’est pas question d’augmenter la difficulté de l’épreuve actuelle.
Un rapport de cette expérimentation paraîtra en février.
Exemple de sujet : étude d’une suite arithmético-géométrique. On prend une suite convergeant vers un entier, on demande de trouver la limite expérimentalement sur tableur, puis de former une suite auxiliaire, et prouver qu’elle est géométrique. Comme on le voit, il s’agit bien d’une épreuve de mathématiques.
Nos commentaires : Ce sont à nouveau, comme pour les ROC, de nouvelles compétences à développer. Nous sommes inquiets sur le temps qui va nous manquer davantage encore. Nous sommes trop chargés. Il reste indispensable de travailler la technique. Quand le ferons-nous si nous devons travailler un grand nombre de TP ? Former nos élèves aux QCM n’a pas demandé de temps supplémentaire. C’est une évolution facile à adopter. L’introduction de ROC a déjà posé beaucoup plus de problèmes : on a toujours fait des démonstrations, et on a toujours demandé aux élèves de les apprendre, mais rendre toute une classe capable de restituer toutes les démonstrations du programme, c’est une autre exigence, et cela demande plus de temps ! Nous sommes bien conscients que seule une partie de nos élèves y parvient. Plus les années passent et plus les exigences qui nous sont imposées s’accumulent, sans jamais de moyens supplémentaires. Nous ne pouvons pas faire l’impossible.
Jacques Moisan : S’il faut faire des allégements, nous les ferons. L’IG n’a pas autorité pour modifier le programme, mais nous pouvons supprimer certains points à l’examen d’autant que l’épreuve écrite pourrait être réduite à 3h.
Calculatrices
Il n’est plus question d’interdire les calculatrices à l’épreuve écrite dans l’immédiat, mais de revenir à la possibilité d’interdire ou non la calculatrice le jour de l’épreuve. Il paraît cependant inéluctable de devoir la supprimer à terme, vu l’évolution des performances des machines. De nouvelles calculatrices sont en cours d’expérimentation, avec des logiciels très intéressants. On peut envisager d’équiper les lycées de lots de telles machines pour éviter le recours parfois difficile à la salle informatique pour travailler en TD.
Le QCM sans points négatifs
Jacques Moisan est sans complexe sur cette question : « on a réussi à avoir une moyenne supérieure à 10 en spécialité SVT, c’était mon objectif. Lors de la réunion pour l’élaboration du barème, cette proposition a fait l’unanimité. Oui, celui qui a mis « Vrai » partout a obtenu 3/5, mais c’est la preuve qu’il a été astucieux ! Nous voulons à la fois une épreuve plus facile, des modalités de corrections qui augmentent les notes, et une meilleure tenue de l’épreuve ».
La vérité sur les prix, on le voit, n’est pas pour demain. Quant à la tenue de l’épreuve, Monsieur Moisan, elle n’est pas que dans l’énoncé, et un Vrai/Faux sans points négatifs ne l’améliore pas !
Le collège
La discussion porte ensuite sur le collège : socle commun, difficultés matérielles de l’utilisation de l’informatique dans les collèges, qui devraient s’estomper avec l’arrivée de matériel portable, évolution difficile du brevet vers un examen unique, selon la loi. Peu d’informations nouvelles.
J.Moisan conclut en espérant d’une part une entente avec les physiciens sur la question de l’option sciences, d’autre part la mise en place d’une série S rénovée vraiment scientifique avec un horaire de maths plus conséquent.
Sur ces deux points du moins, nous sommes pleinement d’accord, ainsi que tout le collectif « action sciences ».