Ce n’est qu’un début ...
Nous pouvons nous réjouir de l’arrivée d’un ministre respectueux du travail des enseignants. Il n’en reste pas moins que la situation est désastreuse, et que des réponses satisfaisantes doivent être apportées aux problèmes actuels.
L’enseignement en collège est très difficile. Non seulement du fait de l’adolescence, des révoltes de cet âge et parfois d’un climat de violence, mais aussi parce que le collège pour tous a conduit à une structure confuse. L’école doit jouer son rôle « d’ascenseur social » sans laisser croire qu’il suffit d’être au collège, puis au lycée, pour acquérir une culture et des compétences. L’effort personnel de chaque élève y est indispensable pour valoriser et développer ses propres qualités. Il faut aussi s’attaquer aux difficultés dès qu’elles apparaissent, tout retard dans la remédiation conduit au découragement et à la démotivation. Comment croire que des heures de soutien ultérieures permettront de rattraper des années passées à ne rien comprendre en classe ?
Pour changer cela, différents moyens peuvent être envisagés : des heures d’études surveillées ou dirigées, des cycles en trois ans au lieu de deux pour certains élèves, des options différentes permettant de valoriser des compétences techniques sans constituer une pré-orientation définitive, des sections spécialisées qui permettent une véritable insertion à terme pour des élèves en très grande difficulté. On peut imaginer beaucoup de dispositifs.
Il devient urgent que la structure du collège soit réexaminée. Il importe que tous les enseignants participent à ce débat, non pas pour proposer la solution miracle (dont personne ne dispose), mais pour évaluer ce qui a été efficace ou non, et proposer des réponses adaptées aux réalités du terrain. Les solutions sont certainement à inventer, à ajuster localement, dans un cadre général qui ne conduise pas les enseignants à faire des heures supplémentaires pour aider leurs élèves.
Actuellement, contraindre tous les établissements à faire des travaux croisés conduirait les établissements à pratiquer des horaires planchers nettement insuffisants. C’est pourquoi nous nous sommes opposés à cette généralisation systématique. Apparemment, le Ministère semble entendre cette revendication.
Progresser en mathématiques nécessite du temps pour rencontrer de nouveaux concepts, en comprendre l’intérêt, les intégrer à ses connaissances précédentes, s’entraîner aux techniques qui y sont associées, et enfin reconnaître leur intérêt dans des contextes variés. C’est aussi le sens de notre revendication de 4 heures hebdomadaires minimum pour chaque élève dans toutes les classes du collège. Cela n’est pas encore acquis. Continuons le combat.
La réforme des lycées, mise en place de façon trop précipitée et trop autoritaire montre déjà ses défauts et a demandé dès sa première année des aménagements opérés hélas sans moyens : ainsi, l’horaire de seconde est passé à 4 heures, mais au prix d’une diminution de l’horaire dédoublé. Cela ne nous satisfait pas ! Le ministre avait annoncé qu’il ajoutait une demi-heure en mathématiques, nous trouvons scandaleux de le faire au détriment des travaux en demi classe. Il s’agit là d’un effet d’annonce du même genre que ceux de son prédécesseur. Les membres du Conseil Supérieur de l’Education ne s’y sont pas trompés, ils ont voté très majoritairement la proposition de 2,5 heures classe entière, 1 heure de travaux dirigés et 0,5 heure de module. Les programmes eux-mêmes ont été conçus sur la base d’un temps de travail important en effectif réduit. Nous demandons que le ministre rétablisse un horaire d’au moins 4 heures pour tous les élèves, comportant au moins 1,5 heures dédoublées.
Plus grave encore est la situation de notre discipline en première scientifique. Les élèves qui ont disposé de moins d’heures d’enseignement dans leur formation antérieure, devront assimiler un programme qui reste conséquent en 5 heures au lieu de 6 ! Certes, le ministère se dit préoccupé par la situation des mathématiques dans la filière scientifique, mais nous attendons des mesures concrètes pour y améliorer la situation de l’enseignement des mathématiques. Les premiers résultats d’EVAPM nous rendent très pessimistes sur l’avenir de cette section si rien n’était fait, car la situation est d’ores et déjà préoccupante !
Nous revendiquons une option scientifique en seconde qui permettrait à tous les élèves qui le souhaitent de mieux comprendre ce qu’est la démarche scientifique. Tout en étant utile aux élèves qui s’orienteraient vers une filière scientifique, elle ne serait pas indispensable pour cette orientation car elle n’introduirait pas de nouveaux contenus. Le ministère semble intéressé par l’idée d’une option scientifique, il faut se battre pour que les mathématiques y soient intégrées.
La place des mathématiques dans la section littéraire est une autre réforme heureusement remise en chantier. Alors que l’aspect culturel disparaît quasiment du tronc commun et après que l’option mathématique ait été supprimée, le ministre a décidé en juin de rétablir une option facultative (3h). Il faut y voir un signe positif de la nécessité de développer une culture mathématique conséquente pour les littéraires qui le souhaitent. Mais dans les faits, peu d’élèves pourront suivre cette option : les dotations ont été attribuées avant qu’elle ne soit créée et les élèves n’ont pas été informés de son existence. Quant à son programme nous le mettrons sur le serveur dès qu’il sera arrêté. A la rentrée 2000, il y aura une option virtuelle pour des élèves virtuels, encadrés par des professeurs virtuels enseignant un programme virtuel ! Le moins que puissent faire les rectorats, c’est d’informer aujourd’hui les élèves des établissements où elle existera, et d’accorder les dérogations à ceux qui souhaitent la suivre si elle n’existe pas dans leurs secteurs.
Vous verrez dans ce B.G.V. que les commissions et le bureau ont été très actifs pour porter les revendications de l’association. Le ministère semble moins fermé, mais la mobilisation doit rester importante. De nombreux dossiers sont ouverts, plus que jamais vos contributions sont nécessaires, y compris pour le primaire, les lycées professionnels et l’enseignement supérieur que je n’ai pas abordé ici.