Le BGV — année 2024
Éditorial du BGV n°238
Un verre à moitié vide ou à moitié plein ?
Il pourrait sembler évident en ce début d’année de ne voir que des dysfonctionnements dans la manière dont les choses se déroulent. D’autant que nous avions anticipé les difficultés qui pourraient advenir lors de la mise en place effective des groupes de niveaux, l’inutilité des évaluations nationales généralisées à tous les niveaux et alerté nos instances autour de ces sujets. Notre ministère s’est entêté malgré l’opposition massive de tous les acteurs de l’école.
Comment, alors, ne pas rester abattu ? Comment changer notre regard sur cette rentrée ?
Il y a déjà une nouveauté à célébrer : nous réclamions depuis plusieurs années le renforcement des horaires d’enseignement de mathématiques en lycée professionnel et c’est chose faite pour l’année de terminale [1].
Des questions demeurent concernant les parcours de préparation à la poursuite d’étude ou à l’insertion professionnelle en fin d’année de terminale. D’une part, le choix des élèves n’est pas valorisé dans son dossier d’accès au supérieur. Il peut donc leur sembler plus intéressant à court terme de réaliser une période de formation en milieu professionnel qui donnera lieu au versement d’une allocation. De plus, nous restons convaincus que la construction des compétences disciplinaires ou transversales doit se faire sur les trois années du bac professionnel que ce soit pour l’insertion professionnelle ou la poursuite d’études parce que ces compétences seront nécessaires à toutes et tous pour s’adapter aux évolutions des métiers.
Nous pouvons aussi célébrer l’esprit de résistance des collègues qui se sont efforcés de limiter les effets délétères des groupes de niveaux en contribuant à détourner autant que possible l’organisation prévue par le décret. Prenant ainsi au mot le discours de la ministre démissionnaire : « pragmatisme et souplesse ». Ainsi, selon une étude du SNES-FSU, ce sont près de 65 % des collèges qui n’ont pas mis en place les groupes de niveaux selon les modalités annoncées.
Enfin, l’attente interminable de la nomination des ministres a permis de repousser certains projets comme la réforme du recrutement et de la formation initiale. Cela permet de poursuivre une réflexion que nous avons entamée et qui demande du temps, parce que ces réformes sont nécessaires.
Sur tous ces sujets, nous poursuivons notre réflexion, par exemple en travaillant avec d’autres associations de professeurs spécialistes ou différents collectifs comme Riposte éducation. La pluralité des points de vue, les échanges, les alertes, les propositions, tout cela fait le cœur de notre fonctionnement.
Voila sûrement de quoi voir le verre à moitié plein : l’école ne va pas très bien mais collectivement nous pouvons faire des propositions et faire bouger les lignes. C’est ce qui nous porte.