C’est le thème du colloque qui sera organisé par ActionSciences le 5 avril, sous le haut patronage de Xavier Darcos. ActionSciences est un collectif qui regroupe quatorze associations de spécialistes et sociétés savantes parmi lesquelles l’UDPPC Union [1] et l’APBG [2]. Dès 2002, ce collectif attire l’attention des pouvoirs publics sur la désaffection des jeunes pour les études et carrières scientifiques. Très tôt, ce sont les physiciens qui s’alarment des baisses successives des horaires de mathématiques et nous pouvons lire sous la plume de Stéphane Olivier, au début de l’année 2002 : « le bureau national de l’UDP appelle chaque adhérent à soutenir les actions de l’APMEP visant à améliorer l’efficacité de l’enseignement des mathématiques ». Je vous renvoie aux BGV 103 et 107 de mars et novembre 2002.

L’organisation de ce colloque a été décidée par ActionSciences au mois de septembre, quand des bruits de couloir sur une nouvelle organisation du lycée commençaient à circuler. Il semblait important de faire le point sur l’état de l’enseignement scientifique dans notre pays.

Les sciences et la technologie constituent un fondement essentiel du développement économique de la France : « la science, la recherche et l’innovation sont une priorité nationale... » a dit Valérie Pécresse. Nous entendons des industriels français commencer à se plaindre que « le vivier » de jeunes scientifiques se tarit, nous constatons qu’il y a un foisonnement de rapports français et européens sur l’enseignement des sciences, et nous savons qu’un projet sur la réforme des filières du lycée est en cours d’élaboration. Face aux interrogations des nombreux partenaires concernés (industriels, décideurs, parents, journalistes et tous ceux que l’enseignement scientifique intéresse), le colloque cherchera à énoncer des faits objectifs en vue d’aborder les questions suivantes :
 Quel est le besoin réel de scientifiques en France ?
 Pourquoi y a-t-il une baisse de l’orientation vers les filières scientifiques universitaires ?
 Quelle formation doit être dispensée au lycée pour permettre une orientation efficace ?
 Quelle est la situation dans d’autres pays européens « comparables » ?
 Quelle est la place de l’enseignement expérimental ?
 De quel-(le)-s scientifiques les industriels ont-ils besoin, avec quelles formations ?
La tenue et la réussite de ce colloque sont d’autant plus importantes que Xavier Darcos a repoussé les annonces concernant la réforme des lycées au mois de mai.

Les rumeurs concernant l’organisation autour d’un tronc commun se font de plus en plus précises. D’autant plus que cette idée est reprise dans le rapport de l’Inspection Générale sur la série scientifique au cycle terminal du lycée qui est paru à la fin du mois de décembre. Ce rapport prône en première comme en terminale un tronc commun constitué d’enseignements disciplinaires généraux, permettant à l’élève d’acquérir des bases solides dans les différentes disciplines : ce seraient les « fondamentaux ». Parallèlement, des enseignements d’approfondissement comporteraient deux niveaux, mineur et majeur, pour chacune des spécialités proposées (1h30 à 2h pour les mineurs et 3h à 4h pour les majeurs). Mais il est symptomatique de voir que le seul exemple proposé dans ce rapport, pour illustrer cette organisation, concerne un élève littéraire, plutôt brillant et qui faisait le choix de la série S. Cet élève, nous dit-on, pourrait ainsi choisir des enseignements d’approfondissement majoritairement littéraires et une mineure scientifique. « A défaut d’avoir réussi à redonner toute sa place à la série littéraire par des mesures techniques successives prises depuis 15 ans, la construction de parcours personnalisés permettrait la mise en place de formations de haut niveau pour les élèves littéraires… ». Mais c’est pourtant un rapport sur la série scientifique dont il s’agit. Où sont donc les motivations pour une formation de scientifiques de qualité ?