STI : 2 + 2 = 4 et 3 + 1 = 4 mais 2 + 2 > 3 + 1
La réforme des STI est à nouveau en marche. Mise en attente pendant un peu plus de deux ans, elle vient de ressortir des placards. Vous avez peut-être eu l’occasion, au sein de votre établissement, de participer à la consultation. Le temps de consultation a d’abord été très court puis prolongé jusqu’à la fin du mois de juin, mais sans information supplémentaire au sein des lycées. Anciennement dénommée STI, sciences des techniques industrielles, elle devient STI, sciences des techniques de l’ingénieur. Elle offre au choix six spécialités :
architecture et construction,
design et arts appliqués,
énergie et environnement,
informations et réseaux,
ingénierie des systèmes automatisés,
création et réalisation de produits.
Mais ce que je craignais est arrivé, les horaires vont diminuer. Mais non, nous répondront les politiques, l’horaire est inchangé, il y a toujours quatre heures de mathématiques pour les élèves ! Sauf qu’avec ce type d’élèves avoir une heure dédoublée ou deux heures dédoublées, c’est tout à fait différent : cela ne permet pas de pratiquer les mêmes mathématiques. Tous ceux qui ont enseigné dans ces sections savent combien l’horaire en 2 + 2 était raisonnable. Il permettait de terminer harmonieusement un programme riche et équilibré, dispensé à des élèves dont la capacité de travail n’est pas toujours la première qualité mais qui se révèlent souvent intéressés et intéressants. Les nouveaux horaires vont créer un déséquilibre entre les notions dispensées en cours et la manipulation des outils durant les heures dédoublées. C’est comme toujours faire des économies sur le dos des élèves !
Y avait-il urgence à réformer ? Le programme de seconde va devoir tenir compte des changements qui interviennent au collège en ce moment. Il va en particulier devoir tenir compte du socle commun. Des aménagements sont donc à prévoir dès la rentrée 2009. Les nouveaux programmes de première, si le calendrier est respecté, rentreront en vigueur à la rentrée 2008. Deux ans après, ils seront donc obsolètes et devront à nouveau être adaptés. Cela fait désormais sept ans que nous attendons des aménagements des programmes de STI, nous ne sommes plus à deux ans près !
Je suis surprise à la lecture de cette réforme, de la facilité avec laquelle l’éducation nationale perpétue ses erreurs. Nous dénonçons depuis plusieurs années l’aspect généraliste de la section S, qui attire vers cette filière un nombre non négligeable d’élèves qui ne poursuivront pas des études scientifiques après le baccalauréat. Avec le collectif Action sciences, nous réclamons en particulier la diminution du nombre de matières évaluées au baccalauréat S par la création d’une épreuve anticipée d’histoire géographie en fin de première, comme cela se pratique dans les sections STI. Il va nous falloir modifier dans nos textes la fin de la phrase « comme cela se pratique dans les sections STI » puisque c’en est fini de l’épreuve anticipée. Dans les projets de réforme, à des horaires déjà chargés, on ajoute une heure et demie d’histoire géographie en terminale. L’épreuve d’histoire géographie sera désormais une épreuve écrite de deux heures et demie, comportant deux parties : un QCM de connaissances sur 10 points, une analyse de documents sur 10 points. L’épreuve orale avait le mérite de ne pas pénaliser des élèves qui ont souvent des difficultés d’expression écrite. Elle récompensait, par des notes souvent supérieures à 15, les élèves sérieux et intéressés. Ce n’est évidemment pas l’histoire géographie que je veux stigmatiser ici, mais les erreurs récurrentes de nos décideurs. Est-il raisonnable d’ajouter à l’examen une épreuve écrite pénalisante pour ce type d’élèves ?
PS : Des régionales ont réagi à cette consultation. Une synthèse de ces réactions a été rédigée et envoyée à la DGESCO, l’inspection générale et au responsable du groupe d’experts qui a écrit les programmes. Vous trouverez le texte de ce courrier dans ce BGV.